Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 6
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0373

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
342

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’enflure — les marbres de Pergame eux-mêmes n’échappent pas à ce défaut
— ils avaient le sentiment des attitudes nobles et de ce qu’on appelle en
littérature le style soutenu. N’oublions pas que ces sculpteurs ont exercé
sur les destinées de l’art une influence bien plus profonde que les Praxitèle
et les Phidias, car ce sont leurs oeuvres qui ont servi de modèles non seule-
ment à l’époque romaine, mais à la Renaissance qui n’en a guère connu
d’autres.

Il y aurait d’ailleurs injustice à ne voir, dans la sculpture alexandrine,
que ces tendances à la solennité et A l’enflure. Lorsqu’elle s’applique à
d’autres motifs que des images de dieux ou de héros, elle témoigne de
qualités expressives, presque réalistes, où se manifeste l’étude sincère de la
nature, sans rien de convenu ni de banal. Un excellent spécimen de cette
sculpture de genre, entendue au sens le plus élevé du mot, est la tète de
vieille femme ivre qui, acquise autrefois à Rome par M. Dresse!, a passé
récemment au Musée des antiques de Dresde '. Nous l’avons fait reproduire
à la fin de cet 'article d’après la gravure sommaire, mais suffisante, qui
en a été donnée par M. Treu. L’éditeur n’hésite pas à y reconnaître un ori-
ginal de l’époque alexandrine, bien supérieur aux autres représentations
du même sujet que l’on possède au Capitole et à Munich. A ceux qui jugent
toute la sculpture hellénistique d’après l’Apollon du Belvédère et le Lao-
coon, on ne saurait trop recommander l’examen de ce joli morceau, où,
sans tomber dans la caricature, le sculpteur a rendu la vérité vivante avec
tant d’esprit et de franchise. Il y a là, d’ailleurs, un nouveau caractère qui
rapproche, à la distance de dix-huit siècles, les artistes alexandrins et les
Bolonais.

Un autre motif datant de la même époque, celui de la danseuse voilée,
nous est connu par de nombreuses répliques, énumérées dans un travail
spécial de feu lleydemann, et dont la liste s’accroît encore chaque année
par la découverte de figurines en terre cuite. Nous donnons en tête de lettre
l’une de ces charmantes statuettes, appartenant au Musée de Dresde et por-
tant la signature du céramiste Nicostrate s. Elle provient de la nécropole
de Myrina, qui a déjà fourni à l’École française d’Athènes plusieurs gracieux
exemplaires du même motif1 2 3 4 5.

Parmi les œuvres de l’art romain proprement dit qui ont été publiées
dans ces derniers temps, nous ne signalerons qu’un magnifique buste
d’Auguste, découvert au mois d’avril 188!) à Rome, près de la Via Merulatld*.
Les portraits d’Auguste sont très fréquents dans les Musées6; on en a déjà
décrit environ une centaine, dont quatorze (5 statues et !) bustes) apparte-
nant au seul Musée du Vatican. Celui que nous reproduisons ici mérite de
compter parmi les meilleurs et il présente en outre un détail fort rare :
c’est la grosse couronne ornée de trois gemmes qui encadre un peu lour-

1. Archœologischer Anzeiger, 1889, p. 99.

2. Archœologischer Anzeiger, 1889, p. 160.

3. Bottier et Rcinach, La Nécropole de Myrina, p. 449.

4. DitlleUino delta Commissione communaledi Itoma, 1889, pl. Vil, p. 140 (article
de M. C.-L. Visconti).

5. Bernoulli, llœmische Ikonographie, t. II, p. 23-32.
 
Annotationen