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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Reinach, Salomon: La vénus de Milo
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0419

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LA VÉNUS DE MILO. 383

pas trop nous appuyer sur ses témoignages, sans incriminer d’ail-
leurs sa bonne foi.

Aussitôt l’Estafette disparue à l’horizon, le prêtre grec porta
plainte au drogman de l’arsenal et fit infliger une énorme amende
aux primats de Milo, coupables, selon lui, d’avoir laissé partir la
Vénus. Brest, outré de cette injustice, s’adressa à l’ambassadeur et
celui-ci obtint de la Porte que les sommes indûment perçues fussent
remboursées aux primats '. M. de Rivière se chargea de leur porter'
lui-même cette bonne nouvelle et arriva le 15 novembre à Milo. Il
s’empressa naturellement de visiter le théâtre de la découverte et y
recueillit quelques nouveaux fragments de sculpture : c’étaient, entre
autres, l'inscription de l’exèdre vue par Dumont d’Urville et peut-
être* une base de statue avec inscription. Quand un aussi gros per-
sonnage qu’un ambassadeur de France à Constantinople cherche des
marbres dans une ile grecque, il est sûr qu’on en trouvera sur sa
demande, mais rien ne prouve qu’ils auront été découverts à l’endroit
même que les paysans indiqueront. C’est le cas pour cette base de
statue avec inscription, qui a joué et joue encore un si grand rôle
dans le mystère de la Vénus. Mais si nous avons raison de consi-
dérer la « niche » comme le magasin d’un chaufournier, la décou-
verte d’autres marbres, en cet endroit même, peut s’expliquer aisé-
ment sans qu’il soit besoin de les mettre en relation avec la grande
statue. Ceci est d’une importance capitale, car la base en question
porte la signature d’un artiste qui ne saurait être antérieur à l’an 220
avant J.-C. et si l’on admet, comme le font encore trop d’archéologues,
que cet artiste est l’auteur de la Vénus, on sera obligé d’assigner à ce
chef-d’œuvre une date tout à fait incompatible avec son stj'le. Ce
serait le renversement de ce que nous croyons savoir touchant
l’histoire de l’art grec : on ne peut pas ainsi démolir à la légère un
édifice que trois générations de travailleurs ont consolidé!

Un profond mystère plane sur les destinées de cette base. On sait
qu’elle arriva au Louvre; on est aujourd’hui sûr qu’elle n'y est
plus. L’inscription lue par Dumont d’Urville et recueillie par M. de
Rivière a également disparu sans qu’on sache comment. Une chose,
du moins, est pour nous presque certaine : c’est que la base n’a pas
été trouvée avec la statue, dans son voisinage immédiat, sans quoi
Dumont d’Urville, qui a bien copié la dédicace à Hermès, n’aurait

1. Ce remboursement ne fut pas fait par la Porte; voir ia note précédente.

2. C’est là un point qui n’a pu être encore établi avec certitude.
 
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