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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Reinach, Salomon: La vénus de Milo
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0423

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LA VÉNUS DE MILO.

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n’ait pas représenté antérieurement une femme debout dans une
attitude analogue, mais dira-t-oii que telle Vierge de Raphaël soit
une copie, parce qu’on retrouve le même motif dans un tableau de
son maître, le Pérugin? J’ajoute qu’on a grandement raison de rap-
procher, pour en former des séries, les sculptures antiques qui pré-
sentent des ressemblances d’attitude, mais le tort consiste à vouloir
arranger chacune de ces séries en une sorte d’arbre généalogique
vertical. J’imagine qu’un sculpteur ou un peintre, vers 450 avant
Jésus-Christ, ait le premier figuré une femme, drapée complètement
ou à moitié, dans l’attitude de la Vénus de Milo; ce motif très simple
aura pu être reproduit simultanément, indépendamment, par cin-
quante artistes, peintres ou sculpteurs, qui l’auront varié de toutes
les manières, suivant leur inspiration personnelle, et parce que l’idée
de la copie servile est étrangère à l’art grec. Il est donc, à mon avis,
tout à fait chimérique de vouloir établir des relations chronologiques
entre les différentes variantes d’un type plastique général ; si l’on
appliquait cette manière déraisonner aux produits de l’art moderne,
dont la chronologie est connue, on arriverait à de bien étranges
conclusions !

Je passe à la dernière question, la plus difficile, j’allais dire la
plus désespérée de toutes. — Comment faut-il se figurer la• Vénus de
Milo avant la mutilation qui l’a privée de ses bras?

Tout d’abord, je dois dire que les copies, les gravures et les pho-
tographies de la Vénus, qui ont été répandues dans le commerce
avant 1883, présentent une inexactitude assez grave qui a donné nais-
sance à des idées fausses. Lorsque la statue fut installée au Louvre,
en 1822, on commit une erreur en rajustant le torse sur le bas du
corps. Par suite de circonstances matérielles dont le détail serait
long à donner, le torse fut rejeté sur la droite par l’insertion de
deux cales en bois. Ces cales n’ont disparu que de notre temps.
M. Ravaisson, conservateur des antiques, en constata l’existence en
1871, lorsque la Vénus fut remontée sur son piédestal après la
guerre, où elle avait été cachée dans une cave de la Préfecture de
police. Malheureusement, la. découverte de M. Ravaisson gênait des
habitudes acquises ; on insista pour que la statue fût rétablie dans
1 attitude qu’elle avait auparavant. C’est en 1883 seulement que sa
position originale lui a été rendue. C’est alors aussi qu’on a fait
disparaître le pied gauche, mauvaise addition en plâtre remontant
à 1821, ainsi que beaucoup d’autres petites réparations de la même
époque dont l’effet était fort disgracieux. Chose plus importante,.on
 
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