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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Reinach, Salomon: La vénus de Milo
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0422

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386

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

donnerais le conseil delà belle Vénitienne à Jean-Jacques Rousseau :
Lascia le donne e studio, la malematical

Nous possédons, depuis 1877, un chef-d’œuvre authentique de
Praxitèle, l'Hermès portant Dionysos, que les Allemands ont découvert
à Olympie ; nous pouvons aussi, grâce à diverses répliques, nous
faire une idée assez exacte de la fameuse Vénus de Cnide, sculptée
par le même artiste vers 350 avant Jésus-Christ. Eh bien ! dans l’une
et l’autre de ces belles statues, le regard le moins exercé reconnaîtra
une tendance aux raffinements, à la coquetterie, je dirais presque
à la manière, qui est absolument étrangère à la sublime déesse de
Milo. Si donc la Vénus est une œuvre attique, comme l’indique son
style, c’est entre Phidias et Praxitèle que son auteur a dû vivre :
qu’on songe à Alcamène le Jeune ou à Scopas, je le veux bien, mais
ces noms et d’autres ne pourront jamais être que des hypothèses. Ceux
qui nient que la Vénus soit de lecole de Phidias sont obligés de la
faire descendre à l’époque alexandrine, époque qui a produit de très
grands artistes et où bien des traditions de l’école de Phidias ont
refleuri. Mais pas une des belles statues féminines que nous connais-
sons de cette période ne peut affronter la comparaison avec la Vénus
sans en être écrasée au premier coup d’œil ! C’est encore là, je l’avoue,
une impression qui ne se démontre point.

Plusieurs archéologues ont raisonné comme il suit. L’art grec, à
l’époque la plus ancienne, n’a pas figuré de femmes nues. Il existe
des statues analogues à la Vénus où le haut du corps est recouvert
d’une draperie. Donc, la Vénus est une réplique, une copie libre d’une
œuvre plus ancienne dont l’auteur, inventeur du motif, avait reculé
devant ce qu’une demi-nudité même a de hardi. — Si l’on serre les
choses de plus près, tout ce raisonnement parait bien fragile. D’abord,
Phidias déjà avait sculpté une figure féminine nue. En second lieu,
l’emploi des étoffes transparentes, qui sont loin d’être plus chastes
que le nu, remonte à l’époque mêmede Phidias. Enfin, le même motif
ayant servi à la représentation de divinités différentes, il est parfai-
tement possible que celui do la Vénus de Milo, inventé pour une figure
à moitié nue, ait été imité plus tard par un sculpteur qui, ayant à
figurer une Muse, par exemple, obéit à la tradition en la représen-
tant toute vêtue. Divers indices ont porté à croire que la Vénus
avait été sculptée d’après un modèle vivant, ce qui ne permettrait pas
d’y voir une copie; je n’attache pas trop d’importance à cos indices,
mais j’en attache une très grande à la Vénus elle-même, qui no peut
pas être autre chose qu’un original. Cela ne veut point dire que l’on
 
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