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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Reinach, Salomon: La vénus de Milo
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0424

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388

GAZETTE DES BEÀUX-AIITS.

a supprimé le socle moderne dans lequel la plinthe antique était
engagée et l’on a donné à la base nouvelle une forme circulaire, qui
laisse intacte cette question litigieuse : sous quel aspect, de trois
quarts ou de profil, la Vénus doit-elle être considérée? Disons tout
de suite que le côté gauche du visage et de la draperie étant beau-
coup moins soigné que le côté droit, c’est probablement de profil que
la statue devait être regardée.

Le premier problème qui se pose, lorsqu’on cherche à restituer
les bras de la Vénus, est singulièrement compliqué et difficile. Le
fragment de main gauche tenant une pomme, qui a été découvert
en même temps, lui appartient-il? Le marbre est le même, les
dimensions concordent à un millimètre près, mais le travail est de
beaucoup inférieur à celui du reste de la statue. On a supposé
parfois que ce bras avait été donné à la Vénus par une restauration
faite dans l’antiquité. Nous ne pouvons rien en savoir et j’ai déjà trop
souvent, en ce qui me concerne, changé d’avis sur ce point pour ris-
quer de me contredire encore une fois.

Si l’on résout cette question par l’affirmative, comme la pomme
est un attribut traditionnel de Vénus, le nom qu’on a donné dès
l'abord à la déesse se trouve définitivement justifié. Mais si L’on
écarte ce fragment comme indigne, il n’en est plus de môme et l’on
peut croire, avec quelques archéologues, que la prétendue Vénus est
plutôt une Victoire ou une Nymphe locale. A vrai dire, la nudité du
torse et les traces de pendants d’oreilles viennent à l’appui de la
désignation généralement admise, mais ces indices no permettent
pas de la considérer comme tout à fait sûre. Celle de « Notre-Dame
de Beauté», que proposait spirituellement Henri Heine, a l’avantage
d’ètre moins compromettante...

Sur ce point encore, je suis donc très sobre d’affirmations. Tou-
tefois, do ce que la statue a été trouvée près du théâtre de Milo, on
n’a pas le droit de conclure qu’elle représente une Muse, erreur où
quelques auteurs sont tombés; en effet, les textes nous apprennent
qu’il y avait des statues do Vénus dans les théâtres et la belle Vénus
d’Arles a précisément été exhumée dans les ruines du théâtre romain
de cette ville.

En général, lorsqu’il s’agit de restituer une œuvre antique mu-
tilée, les archéologues peuvent invoquer le secours do répliques plus
ou moins exactes, sculptures, bas-reliefs, peintures, médailles,
monnaies, qui forment quelquefois, pour un même type, des séries
extrêmement nombreuses. Ce secours fait à peu près défaut pour la
 
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