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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Reinach, Salomon: La vénus de Milo
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0426

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390

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pied droit et relevant un peu le pied gauche, aura été découverte
avec tel ou-tel attribut dans une main. Seule, une réplique exacte
et intacte de notre statue, avec le même regard portant au loin, la
même différence de niveau entre les épaules, pourrait autoriser une
conclusion sérieuse. Cette réplique est encore à découvrir.

Je crois qu’en l’état actuel de la science, on a déjà fait un pro-
grès quand on a reconnu que le problème de la restitution de la
Yénus est insoluble. Je ne veux pourtant pas m’en tenir là et je
dois exposer rapidement les cinq principales restitutions qui ont
été tentées : 1° celle de Tarral, où la Yénus est debout près d’un
Hermès; 2° celle de Hasse, où elle est occupée à sa toilette ; 3° celle
de Yeit Yalentin, où elle parait dans l’attitude d’une baigneuse
surprise ; 4° celle de MM. Quatremère de Quincy et Ravaisson,
où elle est groupée avec le dieu Mars ; 5° celle de Millingen et
d’Overbeck, où elle tient un bouclier.

Yers 1860, un médecin anglais, Claudius Tarral, qui exerçait son
art à Paris, proposa une restitution de la Vénus fondée sur la con-
viction où il était que le fragment tenant la pomme avait appartenu
à l’original. Sa restauration, exécutée en plâtre, fut exposée en 1861
et accueillie avec une faveur marquée. Tarral a groupé la Yénus
avec un des Hermès qui ont été découverts au même endroit et il
a fait figurer sous cet Hermès la signature d’artiste dont j’ai eu
l’occasion de parler. Ceux qui trouveront que le mouvement du
bras tenant la pomme répond à l’idée do la grâce, ou même à
une idée quelconque, partageront l’opinion de Tarral, mais non
la mienne. Il est vrai que la pomme par elle-même, symbole bien
connu d’Aphrodite, est en même temps le symbole parlant de l’ile,
puisque pomme se dit niêlon en grec ; mais dans la restauration de
Tarral, Vénus semble plutôt jongler avec une pomme que la pré-
senter à la manière d’un attribut doublement expressif. On peut
se demander aussi si le mouvement du bras droit n’est pas disgra-
cieux, parce que la draperie est suffisamment retenue par l’avancée
du genou et n’a pas besoin du secours d'uno main prête à s’y poser.

M. C. Hasse, professeur d’anatomie à l’Université de Breslau,
affirme, à son tour, que le fragment de bras gauche et la main gauche
tenant la pomme ont appartenu l’un et l’autre à la statue. Il y
reconnaît l’imago de Yénus qui, sur le point d'entrer dans la mer,
relève sa draperie tombante de la main droite, tandis que sa main
gaucho lui sert à dénouer ses cheveux. Mais l’objet sculpté dans
cette main n’est pas une pomme, comme sa petitesse suffit d’ailleurs
 
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