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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0436

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EUGÈNE PIOT.

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tifique où elles sont aujourd'hui Elles encourageaient alors, par la
promiscuité de leurs classements et la banalité de leur recrutement,
la dépravation du goût des amateurs particuliers. Restreinte au
domaine tout spécial que j’ai circonscrit, la curiosité, incertaine et
sans guide, était tiraillée dans des sens divers. Elle n’avait atteint
qu’à grand’ peine son degré le plus élevé dans la collection Sauvageot.
L’entrée de celle-ci au Louvre en fera un type proposé à l’imitation
universelle; et ce type, relativement supérieur, mais produit par une
incontestable décadence de l’esprit public, se maintint en honneur
jusqu’au triomphe des idées nouvelles dont Eugène Piotfut le repré-
sentant le plus actif et l’un des plus autorisés.

Entendons-nous bien, cependant. La France, sans doute, n’avait
pas attendu jusqu’à Sauvageot pour relever et légitimer par un but
historique, si vague qu’il fut, l’accumulation d’un grand nombre
d’objets mêlés à quelques monuments de premier ordre. L’Administra-
tion publique avait même su déjà faire à la curiosité une place dans
les collections nationales. Edme Durand avait vendu au Louvre
en 1824 3 sa précieuse et instructive collection. Revoil avait cédé à
l’Etat en 1828 les suites merveilleuses qu’il avait rassemblées dès le
commencement du siècle avec un remarquable esprit de méthode 3.
Debruge-Dumesnil et du Sommerard père avaient compris l’intérêt
que les arts industriels pouvaient tirer de ces séries d’objets mobiliers
comparés entre eux et formant une histoire pratique du travail par
les monuments. Ils en avaient fait le point de départ d’une vaste
étude qui donna naissance à deux ouvrages très importants sur les
Arts du Moyen Age *. La collection du Sommerard devenait le pre-
mier fonds du Musée de Cluny en 1842. Soulages et Soltykoff recru-
taient leurs incomparables suites de monuments. Mais, aux yeux des
amateurs qui n’avaient pas de préparation archéologique et qui pré-
tendaient rester hommes du monde avant tout, ces magnifiques et
intelligentes collections avaient un caractère documentaire, exclusif
et rébarbatif, qui en écartait les gens à la mode et les portait à se 1

1- Voyez notamment le Cabinet de curiosités ou le Kunstkammer à Berlin, par
Konrad, dans le Cabinet de l'amateur, tome IV, p. 433 à 459.

2. La Collection Durand et ses séries du Moyen Age et de la Renaissance au
Musée du Louvre. Caen, 1888, in-8°.

3. La Collection Revoil au Musée du Louvre. Caen, 188G, in-8°.

4. Les Arts au Moyen Age, par A. du Sommerard, de 1838 à 184G; — Catalogue
de la collection Debruge-Dumesnil, 1847, et Histoire des Arts industriels de Jules
Labarte.
 
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