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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0440

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EUGÈNE PIOT.

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en effet de remarquables travaux qui ont fait époque dans l’histoire
de l’Art et dont la valeur doctrinale n’a pas diminué. Un grand
nombre de points obscurs y sont éclairés par une discussion pas-
sionnée et par l’intervention, dans presque toutes les questions,
d’ardentes polémiques que le directeur se fait un malin plaisir de
provoquer et dont il sort généralement triomphant. Comme on le
pense bien, le terrible jouteur profite immédiatement de la publicité
de sa Revue pour agir par l’examen et le compte rendu des ventes
publiques sur le mouvement de la curiosité. Il stigmatisa et pour-
suivit de ses anathèmes les faux savants, les faussaires, les spécula-
teurs peu délicats. A ce métier de redresseur de torts, il se fit beau-
coup d’ennemis. Il eut quelquefois la main bien rude; il pulvérisa
quelques adversaires, mais, par ce procédé, il n’avança guère ses
affaires qui étaient la propagation de ses convictions d’érudit.

Un généreux effort fut tenté, en même temps par Eugène Piot.
pour faire accorder tous les moyens de propagande possibles aux
doctrines scientifiques dignes d’ètre recommandées. Membre alors
de la Société des Antiquaires de France, il fut le premier à donner
mensuellement le résumé des travaux de cette Société. Et, à ce
propos, rendant un premier hommage bien spontané à l’Académie
des Inscriptions qui devait être, quarante-sept ans plus tard, sa léga-
taire universelle, il regrettait en 1843 de ne pouvoir faire connaître
au dehors toute son activité. Il accompagna, en effet, le premier bul-
letin des Antiquaires de France publié par lui de judicieuses consi-
dérations qui méritent d’ètre reproduites, car elles prouvent qu’au
milieu des polémiques les plus tapageuses et des discussions les plus
ardentes, Piot n’était mû que par l’intérêt général et non par un
étroit esprit personnel, comme le ton de sa parole l’a laissé croire
trop souvent. Écoutons-le :

« En France, la publicité fort large, en apparence, n’en est pas moins très res-
treinte en ce qui touche certaines parties des plus importantes des spéculations de
l’Esprit... Dans la presse, les travaux sérieux n’ont donc point ou peu de représen-
tants, et l’Académie des Inscriptions et Belles-Lèttres ne publie pas même un
bulletin de scs travaux. Voulez-vous savoir où en sont chez nous les discussions
sur la philologie, l’esthétique, l’histoire ou l’archéologie, quelle vie circule dans ce
corps, quelles passions l’animent, ce qui se passe enfin dans une assemblée certai-
nement la plus docte du monde? On ne peut pas môme répondre : Allez y voir.
Les séances de l’Académie ne sont pas publiques pour tout le monde... L’Académie
des Sciences est la seule qui publie un bulletin de ses travaux. De semblables
lacunes sont déplorables. Qu’on vienne maintenant se plaindre de l'envahissement
des sciences exactes !
 
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