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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0444

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EUGÈNE P10T.

407

considérait comme la fleur de sa collection. Je suis arrivé à cette
conviction que les deux ou trois grandes ventes publiques ouverte-
ment tentées par Piot ne furent pour lui qu’une opération désas-
treuse, l’affirmation sans doute de son credo esthétique, mais en
somme un marché de dupe au point de vue financier. En réalité ces
grandes ventes n’eurent que l’apparence d’un acte de spéculation
commerciale. Cela est si vrai que Piot a dû, pour vivre, se livrer à
l’exploitation d’un genre secondaire de curiosité qu’il n’aimait pas,
qu’il n’exposait pas sous sa responsabilité, qu’il n’avouait pas publi-
quement, dont il ne rédigeait que des catalogues anonymes, ou dont
il cédait les éléments de gré à gré 1 en se cachant. La vente de 1864,
la plus importante de toutes, retardée de quelques années, aurait
rapporté vingt fois plus. Elle n’enrichit effectivement que les acqué-
reurs. Oui, les ventes publiques avouées et composées de monuments
choisis, ne furent en vérité pour Piot qu'un luxe dispendieux, un
procédé d’enseignement qui coûtait très cher au professeur, bien
plus cher, quand on y réfléchit, que ne lui avait coûté la propagande
de ses doctrines par la voie du Cabinet de l'Amateur.

On s’apercevra bientôt que les plus beaux objets de nos collections
contemporaines sont pour la plupart passés par ses mains. C’est lui
qui a été l’introducteur en France du buste d’enfant de Desiderio de
Settignano, du buste de Dietisalvi Neroni, signé et daté par Mino da
Fiesole, du buste de femme en marbre par Verrocchio 1 2 3 4 5, du buste de
Lorenzo de Médicis par le même \ du grand bas-relief de la Mise au
tombeau d’Andrea Riccio1, chez M. G. Dreyfus, en provenance de la
collection Timbal, d’un grand nombre de pièces de cette dernière
collection, en bronze, marbre et terre cuite, du bas-relief en marbre
du Scipion de la collection Rattier, du bronze de l'Enfant à l’escargot6
de la collection Basilewski, etc. Il n’y a guère de collection impor-
tante qui ne lui doive quelque enrichissement, sans excepter les
galeries publiques de Londres et de Berlin. Il dispersa ainsi, à son
grand détriment, une réunion extraordinaire d’objets d’art, sans
avoir comme compensation la joie de voir triompher immédiatement
ses idées.

1. Voyez à ce sujet l’article de M. Charles Yriarte très bien informé.

2. N08 1,2 et 3 de la Vente de 1804 (ce dernier, sous le nom de Rossellino),
payés 8,850 francs, 5,700 francs, 2,000 francs. Le n° 1 fut revendu 30,000 francs.

3. N° 8 de la Vente de 1804, sous le nom de Raccio Randinclli, payé 1,720 fr.

4. N° 9 de la Vente de 1804.

5. N“ 32 de la Vente de 1804, payé 4,000 francs.
 
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