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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 2: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0470

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432

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Le clair-obscur est ménagé plus discrètement encore, et en même
temps que la facture est moins sommaire et l’expression plus profon-
dément exprimée dans le petit portrait du Musée de Gotha (n° 62)
qui porte encore quelque trace du monogramme habituel de Rem-
brandt, mais où nous avons vraiment cherché à découvrir la date 1629,
indiquée par M. Bode, date qui nous paraît d’ailleurs assez vraisem-
blable. Les dégradations moins apparentes sont délicatement suivies
et les localités mieux observées; la touche aussi a plus d’aisance,
de légèreté et de finesse, notamment dans l’exécution des yeux, de la
bouche et du col blanc bordé de guipure et rabattu sur le costume
brun. Moins accusés aussi, les empâtements sont encore suffisants
pour que, suivant la pratique habituelle de l’artiste à cette époque,
il ait pu y tracer en relief, à l’aide du grattoir ou de la hampe du
pinceau, les cheveux frisottés qui s’étalent autour du visage. Ce
procédé, plus commode que correct, nous le retrouvons encore dans un
autre portrait de dimensions moins restreintes, également au Musée
de Gotha (n° 61) et qui, malgré le monogramme ordinaire de l’artiste,
pourrait, à première vue, sembler un peu douteux, à raison des
maladresses et des inégalités qu’il nous offre. La ressemblance avec
Rembrandt est, du reste, indéniable. Vu presque de face, coiffé d’un
chapeau noir à larges bords d’où s’échappe son épaisse crinière, le
jeune homme est à peine plus âgé. L’ovale de son visage s’est un peu
allongé et il essaie déjà de relever en pointes sa moustache; mais
c’est toujours le type bien connu, avec les yeux perçants, interroga-
teurs, le nez gros, aplati du bout, un peu séparé vers le milieu.

Quoiqu’il soit probablement de la même époque, le portrait du
Musée de La Haye est de beaucoup le plus intéressant et le meilleur
de tous ceux de cette série. On sent que Rembrandt s’y est appliqué,
visant à la fois à une complète fidélité de ressemblance et désireux
aussi de montrer dans une œuvre faite avec amour l’expérience
acquise par ses études. Comme dans les précédents, la tète, vue de
trois quarts, éclairée vivement par la lumière venant de gauche, se
détache sur un fond gris neutre, de valeur moyenne. Les carnations
sont pleines d’éclat, modelées avec une habileté extrême, dans une
pâte abondante, maniée dans le sens de la forme, ainsi que de plus
en plus l’artiste saura le faire. Les ombres très fortes ont cependant
gardé leur transparence. Un vêtement gris sombre et un bout de
collerette à franges courtes, un peu fripée, débordant sur un hausse-
col en fer forgé, garni de clous faisant saillie, accompagnent heureu-
sement le visage. Nous retrouvons encore le type de Cassel et de
 
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