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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Albert, Maurice: Le salon de 1890 aux Champs-Élysées, [1], Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0500

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458

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

doublé d’un poète, l’un et l’autre curieusement originaux, ondoyants
et divers. A la Voix du tocsin, de 1888, faire succéder la Naissance de
la Perle, n’est-ce pas nous rappeler Victor Hugo, qui se délassait,
après la Légende des siècles, en écrivant une aimable 'chanson des rues
ou des bois?

Remontons sur la terre, parmi les hommes. Le nombre est grand,
cette année, des portraits intéressants à divers titres; on n’a vrai-
ment, pour en parler, que l’embarras du choix; mais l’embarras n’est
pas mince. Au milieu de cette foule de figures qui vous regardent,
comme elles ont regardé le peintre en posant, parmi tous ces visages
d’hommes, de femmes, d’enfants, dans tous les costumes, dans toutes
les positions, de toutes les tailles, de toutes les couleurs, l’esprit se
perd, la vue se trouble : il semble tout d’abord que ce soit le chaos.
Cependant, à tète reposée, on refait dans son cabinet cette promenade
au Salon ; alors, du fond de l’ombre émergent peu à peu les toiles
principales, celles qui vous ont frappé et qui désormais s’imposent.
Celles-là, soyons-en sûrs, ce sont les bonnes, celles dont la supériorité
s’affirmera à chaque nouvelle visite que nous leur rendrons.

Après mûr examen, les portraits nous semblent pouvoir se classer
en deux catégories assez distinctes : ceux qui ne sont que des por-
traits, dont le principal but est d’être ressemblants; et ceux qui, par
leur composition, leurs accessoires, le choix des étoffes, dénotent une
recherche évidente de la couleur, le modèle n’étant qu’un moyen, un
prétexte aux symphonies de tons plus ou moins délicats.

A la première catégorie se rattachent les portraits de M. Wencker.
Cette honnête peinture révèle non seulement un consciencieux travail,
mais une science assez sûre d’elle-même pour dédaigner tous les
trucs. Le portrait de M. Boulanger, l’intelligent auteur d’une des
portes en fer forgé de Notre-Dame, est d’une très exacte vérité. Très
vivant aussi, le petit portrait de M. Hugues dans son atelier, par
M. Weerts. Vêtu d’une vareuse de flanelle blanche et d’un pantalon
de velours gris, le sculpteur est debout, faisant face au public, appuyé
contre la selle qui supporte son groupe d’Qidipe et Antigone. Cette
physionomie très fine est rendue par un pinceau également fin qui
sait être spirituel sans mièvrerie.

Plus fin encore, est le portrait de Mlle Gérôme, par M. A. Morot.
La jeune fille est à cheval, le buste incliné en arrière, dans un
mouvement de désinvolture toute juvénile. Elle est coiffée d’une
casquette de jockey en velours noir, d’où s’échappe et vole au vent
un flot de cheveux dorés. Les yeux noirs étincellent de vie, sous les
 
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