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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Albert, Maurice: Le salon de 1890 aux Champs-Élysées, [1], Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0501

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LE SALON DES CIIAMPS-ÉLYSÉES.

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sourcils finement tracés de deux coups de pinceau. Il est impossible
que ce portrait, que ce regard ne soit pas ressemblant. Est-il néces-
saire d’ajouter que ce n’est pas le seul charme de cette délicieuse
petite toile? M. Morot s’y montre amoureux de la couleur, et il a su,
chose rare, offrir ce régal aux yeux des coloristes, sans négliger en
aucun point le dessin, sans permettre aux détails accessoires d’em-
piéter sur la partie essentielle, la physionomie même du modèle. Ce
portrait, d’une exécution merveilleuse, comptera parmi les meilleurs
qu’ait faits le peintre.

M. Chartran a peint avec son habileté ordinaire, que trahissent
parfois de légères défaillances, le portrait de M. Blavet, dont Jules
Lemaître disait naguère dans un article resté célèbre : « celui-là est
un Parisien », l’opposant malicieusement à tel de ses confrères d’un
parisianisme beaucoup plus douteux. M. Lemeunier nous montre
M. Caïn dans son atelier, étude fort poussée, d’un dessin ferme et
lumineux ; M. Macbard expose un agréable portrait de Mlle E. P. ;
M. Fantin Latour un très original portrait de Mme L. G ; Mme Brouardel,
un autre de Mlle Siredey, très vivant, peint dans la gamme des gris ;
M. Dessart, le portrait du docteur G. Marchant, très ressemblant,
encore qu’un peu austère; enfin M. G. Desvallières, deux intéres-
santes toiles, où ce jeune artiste montre toutes les audaces de son
temps et de son âge. Son portrait de M. H. de C., surtout, est exécuté
avec beaucoup de brio, et semble contenir bien des promesses. Il est
regrettable seulement que le peintre ait donné à son modèle des mains
si énormes, et n’ait pas jugé nécessaire de dessiner les jambes et les
pieds d’une façon moins sommaire.

Que dire des portraits de MM. Yvon, de Coninck, Paul Dubois,
Robert Fleury, Ferrier? Qu’ils sont peints assurément par des
hommes de talent, mais qu’enfin ils ne valent peut-être pas leurs
aînés. Et maintenant dirons-nous : le reste ne vaut pas l’honneur
d’ètre nommé? Certes non ; mais le temps et la place nous manquent :
il faut se borner. Beaucoup d’ailleurs, parmi ces portraits, ont l’in-
convénient de nous rappeler, en la justifiant, la théorie qu’expose
dans son dernier volume M. Guy de Maupassant, ce maitreen fait d’art
sobre, simple et vrai. Il reproche avec raison à la plupart des por-
traits d'être « en représentation, soit que la dame ait des vêtements
d’apparat, une coiffure seyante, un air de bien savoir qu’elle pose,
devant le peintre d’abord, et ensuite devant tous ceux qui la
regardent; soit qu’elle ait pris une attitude abandonnée dans un
négligé bien choisi... Elles semblent en visite quelque part, chez des
 
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