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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Albert, Maurice: Le salon de 1890 aux Champs-Élysées, [1], Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0502

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

gens à qui elles veulent plaire, à qui elles veulent se montrer avec
tous leurs avantages, et elles ont étudié leur attitude, tantôt modeste,
tantôt hautaine. » Hélas ! de combien de toiles ne peut-on pas dire
cela? M. Jacquet, M. Belleroche, M. J.-P. Laurens, M. Cormon ne
sont pas à l’abri de pareils reproches.

Parmi les portraits qu’on pourrait appeler de fantaisie, je
remarque tout d’abord la Fleur d'automne, de M. Toudouze, toile
bizarre et charmante, où le peintre a réuni toute la gamme des vio-
lets avec celle des jaunes- : c’est une symphonie en jaune mineur,
comme eût dit Th. Gautier. Mais pourquoi l’avoir faite si jeune, sa
Fleur d'automne ? Elle n’est encore qu’au printemps de la vie, cette
enfant mélancolique, en laquelle l’esprit du peintre a personnifié la
dernière fleur de l’année, celle qui s’étale à côté d’elle en gerbes d’un
lilas rosé, le triste et poétique chrysanthème. Autour d’elle, sous ses
petits pieds chaussés de bas violets, l’automne a jonché la terre de
feuilles d’or et de rouille; le jour des morts est proche : elle va
cueillir pour eux les dernières fleurs. Et c’est pour cela sans doute
qu’elle parait si triste dans l’ombre violette de son chapeau. Rassu-
rons-nous cependant : elle se consolera. Qu’importe à son âge la
chute des feuilles? D’autres printemps viendront, suivis d’autres
automnes. Pour elle les arbres reverdiront plus beaux, et des fleurs
nouvelles s’épanouiront plus fraîches.

On ne saurait oublier la Figure nue de M. Doucet, délicieux régal
de tons frais, de chairs savoureuses et nacrées. Pourtant, si ravis-
sant qu’il soit, ce beau corps n’est pas parfait. L’étude en est char-
mante, mais un peu molle : on ne sent rien de ferme sous ces chairs
rosées ; c’est bien différent des solides académies que M. Doucet
faisait autrefois, et que M. J. Lefebvre, à l’heure qu’il est, propose
encore comme des modèles achevés aux élèves de son atelier. J’aime
mieux, dans le même genre, le Sommeil de M. Renard. Ah ! l'adorable
petit corps d’enfant ! Comme elle dort bien, cette petite fille, grasse,
potelée, faite à ravir par la nature et le pinceau du peintre ! L’enfant,
toute nue, se détache en tons à peine roses, délicatement ambrés,
sur le blanc des draps; elle a replié ses deux bras ronds, et ses
petites mains s’appuient contre sa joue, dans un mouvement très
vrai ; sous sa respiration tranquille et régulière ses lèvres se sont
entr’ouvertes avec une grâce enfantine : on sent qu’elle dort bien
vraiment, et l’on pourrait dire d’elle ce que Michel Ange disait.de sa
Nuit : « perche dorme ha vita; destala, se nol credi, e parleratti! »

Je note au passage les deux jolies toiles roses et blanches do
 
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