Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

LE SALON DES CHAMPS-ÉLYSÉES.

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grande et très persistante indulgence du jury, qui doit entendre
monter vers lui bien des hymnes de reconnaissance, chantés surtout
par des voix féminines. Mais on y trouve aussi des œuvres esti-
mables, et quelques-unes supérieures. De ce nombre sont les dix
poétiques compositions dont M. O. Merson a illustré un livre exquis
de Jules Lemaître. Quels gens heureux aujourd’hui que les écrivains
connus! Aimés du public, choyés des éditeurs, ils sont encore gâtés
par les artistes. Les mieux partagés cette année sont l’auteur de
l’Imagier et M. F. Coppée, dont le dernier volume, Toute une jeunesse,
devra beaucoup au crayon de M. Bayard. Avec ces dessins, et quel-
ques autres œuvres, butinées çà et là, un des deux pastels de
M. Chaplin, 1 e Chemin creux deM. Pointelin, le fusain de M. Appian,
les Fleurs de M. Rivoire, le Jugement de Paris de M. Fantin-Latour,
les aquarelles de MM. Adam, Noël, Wagrez, et plusieurs autres
encore, quelle agréable collection on se composerait! Au moins
voudrait-on les voir placées, ces œuvres très séduisantes, non pas
à l’extrémité de l’Exposition, comme on relègue au bas bout de la
table un convive sans conséquence, mais tout près du grand salon,
dans des salles que le public serait bien obligé de traverser, et où il
s’arrêterait... peut-être.

Et maintenant, si mes lecteurs le veulent bien, je leur donne,
pour le 1er juillet prochain, rendez-vous au Jardin, où les sculpteurs
nous ménagent de si agréables surprises. Ceux-là sont, en effet,
les vaillants et les forts. Ah! qu’ils ont bien fait, dans la mêlée, de
se sentir et de serrer les coudes !

MAURICE ALBERT.

(La fin prochainement.)