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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Mabilleau, Léopold: Le salon du Champ de Mars, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0532

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I

488 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

forme qu’il faudrait donner à l’éventail où cette scène mérite de se
déployer, voici qu’une curieuse remarque m’a sauté aux yeux : des
trois navires qui traversent le goulet, profilant leur masse sur la mer
immobile, il en est deux qui portent encore leurs mâts, le troisième
a été rasé dans la bataille. Or les trois ombres s’étalent également
côte à côte, et, par un mystère que nous prions l’auteur de nous
expliquer, la mâture absente produit tout juste le même effet de
lumière qui si elle ne fût point restée là-bas sous les flots.

L’objection est grave, et M. Delort a trop d’esprit pour ne pas
comprendre qu’elle ramène son œuvre à un rang d’où il pourrait
avoir la prétention justifiée de sortir.

II

Tournons-nous maintenant vers les jeunes peintres qui, sans
avoir, comme les précédents, atteint la plénitude de leur talent, se
sont assez résolument installés dans leur manière pour qu’on ne
puisse plus les considérer comme participant au mouvement de
recherche et de transformation des Écoles. Ce ne sont pas les plus
intéressants, à notre gré; car rien ne mérite plus d’attention et de
sympathie que les tentatives de rénovation ou d’évolution comme
celles de Besnard, de Duez, de Roll, de Lhermitte, de Victor Binet,
deBillotte, de Jeanniot, de Carrière; mais cet arrêt de développement
s’explique le plus souvent parce que la personnalité de l’artiste s’est
prématurément épanouie, et qu’elle s’est achevée en se déterminant.

Tel est sans doute le cas de M. Dagnan-Bouveret qui, après avoir
donné les plus grandes espérances, parait vouloir s’en tenir mainte-
nant à la formule avec laquelle il a pu partiellement y satisfaire.
Son Pardon breton était une œuvre exquise, où les tonalités adoucies
donnaient la sensation de ce ciel embrumé, de cet air humide et salé
qui éteint toute vibration et ternit tout éclat. Mais voici que le jeune
peintre nous apporte un souvenir d'Algérie, une Vue de Blidah où
règne la même grisaille, où aucune couleur ne chante, où le blanc
même des tombeaux et des minarets s’estompe dans l’atmosphère
opaque et lourde.

Pour le coup, nous nous récrions : gardez votre manière, si elle
correspond immuablement à la note particulière de votre sensibilité
et de vos moyens expressifs, mais prenez au moins soin d’accom-
 
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