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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Ephrussi, Charles: François Gérard, 2: d'après les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0083
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

direction de l’Académie (1816) réclamait auprès du ministre l’appui
de Gérard pour des réformes et des améliorations nécessaires. Il
donne à son ami quelques détails intéressants sur ce voyage, si long
et si pénible alors, de Paris à Rome :

« J’ai passé à Milan, Parme et Bologne, où j’ai revu avec une sorte de chagrin
nos beaux tableaux du Muséum. Ils sont, dans ces villes, placés précisément soit
dans les églises, soit dans des salles académiques, et, quoique chez eux, ils ont
l’air d’étrangers logés en hôtel garni... »

Une des lettres adressées par Thévenin à Gérard est intéressante
à double titre : elle offre un tableau exact de l’état de la villa Médicis
dans les premières années de la Restauration et un curieux aperçu
des modifications, souvent très judicieuses et réclamées aujourd’hui
encore1, que le nouveau directeur proposait à l’approbation de son
ami et du ministre compétent :

« Rome, S mars 1819.

« Vous me demandez, mon ami, par votre lettre du 9 février, quelques détails
sur la situation de l’École de Rome et ce qu’il y aurait à faire pour le bien et la
dignité de cet établissement ; je m’empresse de satisfaire à votre demande.

« ... Cet établissement est le plus beau qui existe pour l’étude des Beaux-Arts ;
il est susceptible de plusieurs améliorations et il y en a de nécessaires. Mais, tel
qu’il est, il fait l’objet de l’admiration de tous les étrangers qui viennent en Italie.

« Le palais, fort considérable, et ses jardins d’une grande étendue dominent la
ville et la campagne de Rome. Chaque fenêtre offre un tableau admirable et tou-
jours varié ou par l’état du ciel ou aux différentes heures du jour.

« Nous possédons une assez riche collection de plâtres moulés sur l’antique,
placés dans une galerie d’une étendue suffisante, où les pensionnaires peuvent
continuellement étudier ces chefs-d’œuvre, et les artistes italiens et étrangers y
sont admis sur leur simple demande ainsi qu’à l’École du nu, où ils prennent place
après les pensionnaires. Nous avons une bibliothèque, ou plutôt un commencement
de bibliothèque, et de la place pour l’augmenter.

« Depuis que je suis ici directeur, j’ai accru d’environ une vingtaine de mor-
ceaux de sculpture et d’architecture la collection de nos plâtres. 11 nous manque
peu de choses pour avoir tous les chefs-d’œuvre de sculpture antique connus, si ce
n’est cependant notre belle Diane, tout à fait inconnue en Italie, et dont la pré-
sence dans notre galerie prouverait que la France possède depuis longtemps un
des plus beaux ouvrages de l'antiquité ; il serait peu dispendieux, par la voie de
mer, de nous en procurer un ou deux bons plâtres. J’ai pu ajouter quelques livres
à notre bibliothèque, mais elle est loin d’être ce qu'il conviendrait pour l’honneur
et pour l’avantage de l’École.

« J’ai appelé l’attention du ministre sur cette pénurie et j’ai remis à M. Norry,
lorsqu’il vint à Rome à la fin de 1817, une note des ouvrages qui nous seraient

1. V. le Rapport sur le budget des Beaux-Arts de 1891, par M. Antonin Proust.
 
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