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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 2
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 12
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0125
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lande et le doigt, étendu vers le cœur, indiquait la place aux balles '. »
Ce qui est positif, c’est que le point de vue est accepté, en 1850, à
l’instigation du maître et à celle de Dupin, alors président de
l’Assemblée législative. L’heure semble bien choisie au prince Louis-
Napoléon, président de la République, et à Ferdinand Barrot, son
ministre de l’Intérieur et des Beaux-Arts, pour reprendre le dessein
longtemps en oubli. Barrot, dans son rapport au chef de l’Etat,
définit nettement, malgré des atténuations de langage, le caractère
de l’œuvre d’expiation, telle que la médite Rude : « Ce monument,
par son sujet même, doit être d’un aspect sévère et d’une grande
simplicité. C’est bien l’esprit de la loi, puisqu’elle a désigné, pour
son emplacement, le lieu désert où le maréchal Ney reçut la mort,
sans autres témoins que ses exécuteurs. Yous n’avez pas voulu, Mon-
sieur le Président, que le monument de celui que l’Empereur
appelait le Brave des braves fût considéré comme la marque publique
d’un irritant souvenir, mais seulement comme le signe d’une réhabi-
litation proclamée déjà par le cri de la conscience publique. Il fallait
écrire quelque part l’expression de ce regret qu’avaient ressenti tant
de cœurs, et il convenait de le faire à l’endroit même où le maréchal
était tombé. Le monument représentera le maréchal montrant sa
poitrine et ouvrant son cœur à la mort1 2... »

A la fin de ce document, revêtu de l’approbation présidentielle, le
ministre annonce qu’il a jeté les yeux, pour l’accomplissement du
projet, sur « un de nos plus grands statuaires ». Nul doute qu’il ne
s’agisse de Rude, car je découvre, aux archives de la Direction des
Beaux-Arts, un billet de l’artiste au directeur Romieu, en date du
16 avril 1850, où il est fait allusion à un entretien qu’ils ont eu tou-
chant remplacement de la statue3. Les choses, d’ailleurs, continuent à
traîner. Les budgets sont si embarrassés et les affaires si lourdes ! Ce

1. Cette esquisse, demeurée légendaire parmi les artistes, a disparu. Voir, pour
la description de Poisot, Mémoires de l’Académie de Dijon, année 1837 : Notice
sur François Rude.

2. Moniteur officiel du 20 février 1830.

3. Ce billet, du 16 avril 1830, est un rendez-vous donné à Romieu, place de
l’Observatoire, afin de s’entendre sur le choix du terrain de la statue que l’on peut
disposer « très facilement et à peu de frais ». La première phrase indique sans
ambages que Rude est d’ores et déjà le sculpteur choisi par l’administration :
« Monsieur le Directeur, depuis que j’ai eu l’honneur de vous voir, j'ai visité bien
souvent t’emplacement que vous m’avez désigné pour y élever une statue à la mémoire
du maréchal Ney. » Tout porte à croire, je le répète, qu’on lui a réservé le travail
dès 1848.
 
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