THOMAS LAWRENCE.
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lui seul à sa règle de n’admettre que des personnes ayant fait le
voyage d’Italie. Et ce fut encore Lawrence qui, lorsque Reynolds
mourut, le remplaça dans la fonction de peintre de la Société, malgré
qu’il n’eût toujours pas fait le voyage d’Italie.
Le portrait de Miss Farren, première grande source de la gloire
de Lawrence, appartient aujourd’hui à lord Wilton, petit-fils de Miss
Farren, qui, pareille à beaucoup d’actrices anglaises, devait échanger
son nom de théâtre contre un nom princier, et qui devint en 1797
duchesse de Derby. Lawrence en peignit une réplique, qui a appar-
tenu à M. Grant, et qui fait partie depuis 1863 de la collection de
M. Smith.
Le portrait de Lawrence a donné matière à un des chefs-d’œuvre
de la gravure, l’admirable planche que nous reproduisons ici. L’his-
toire même de cette gravure, d’ailleurs assez amusante, prouve le
rapide et brillant succès du tableau original. Cette gravure, en effet,
qui passe pour un des chefs-d’œuvre de Bartolozzi, est en réalité
surtout l’œuvre d’un graveur assez obscur, C. Knight, et c’est plus
tard seulement que le fameux Bartolozzi a été chargé par l’éditeur
d’en revoir et d’en compléter le travail. La vogue du tableau aura
sans doute décidé ce brave homme à faire un gros sacrifice pour pou-
voir mettre au bas de la reproduction le nom du graveur à la mode.
Voici en effet ce qui résulte des recherches de M. Andrew W. Tuer,
consignées dans son excellent travail sur Bartolozzi et son Œuvre.
Une épreuve du premier état porte au bas la signature : C. Knight
sculps, 1791 ■ Le nom, Miss Farren, est écrit en caractères à la main,
et la planche indique au-dessous : Londres, publié le 25 février 1791 par
J. Jeffryes, Ludgate Hill. L’épreuve définitive porte le même nom
d’éditeur, le même titre et la même date, mais le nom du premier
graveur est effacé, sans être encore remplacé par un autre nom;
tandis qu’en revanche (trait caractéristique) le nom du peintre est
cette fois indiqué. Enfin une troisième épreuve contient décidément,
à côté du nom de Lawrence, le nom du nouveau graveur, F. Bartolozzi.
Ajoutons, pour compléter l’histoire de cette belle gravure, qu’un
nouveau tirage en fut fait lorsque Miss Farren devint Lady Derby.
La planche porta désormais le titre de Lady Derby, avec au-dessous :
Publié le 15 mai 1797 par Bull et Jeffryes, Ludgate Hill. En 1836, la
gravure devint la propriété de J. P. Thompson, Dean Street, qui en
fit un nouveau tirage.
(La suite prochainement.)
T. DE WYZEWA.
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lui seul à sa règle de n’admettre que des personnes ayant fait le
voyage d’Italie. Et ce fut encore Lawrence qui, lorsque Reynolds
mourut, le remplaça dans la fonction de peintre de la Société, malgré
qu’il n’eût toujours pas fait le voyage d’Italie.
Le portrait de Miss Farren, première grande source de la gloire
de Lawrence, appartient aujourd’hui à lord Wilton, petit-fils de Miss
Farren, qui, pareille à beaucoup d’actrices anglaises, devait échanger
son nom de théâtre contre un nom princier, et qui devint en 1797
duchesse de Derby. Lawrence en peignit une réplique, qui a appar-
tenu à M. Grant, et qui fait partie depuis 1863 de la collection de
M. Smith.
Le portrait de Lawrence a donné matière à un des chefs-d’œuvre
de la gravure, l’admirable planche que nous reproduisons ici. L’his-
toire même de cette gravure, d’ailleurs assez amusante, prouve le
rapide et brillant succès du tableau original. Cette gravure, en effet,
qui passe pour un des chefs-d’œuvre de Bartolozzi, est en réalité
surtout l’œuvre d’un graveur assez obscur, C. Knight, et c’est plus
tard seulement que le fameux Bartolozzi a été chargé par l’éditeur
d’en revoir et d’en compléter le travail. La vogue du tableau aura
sans doute décidé ce brave homme à faire un gros sacrifice pour pou-
voir mettre au bas de la reproduction le nom du graveur à la mode.
Voici en effet ce qui résulte des recherches de M. Andrew W. Tuer,
consignées dans son excellent travail sur Bartolozzi et son Œuvre.
Une épreuve du premier état porte au bas la signature : C. Knight
sculps, 1791 ■ Le nom, Miss Farren, est écrit en caractères à la main,
et la planche indique au-dessous : Londres, publié le 25 février 1791 par
J. Jeffryes, Ludgate Hill. L’épreuve définitive porte le même nom
d’éditeur, le même titre et la même date, mais le nom du premier
graveur est effacé, sans être encore remplacé par un autre nom;
tandis qu’en revanche (trait caractéristique) le nom du peintre est
cette fois indiqué. Enfin une troisième épreuve contient décidément,
à côté du nom de Lawrence, le nom du nouveau graveur, F. Bartolozzi.
Ajoutons, pour compléter l’histoire de cette belle gravure, qu’un
nouveau tirage en fut fait lorsque Miss Farren devint Lady Derby.
La planche porta désormais le titre de Lady Derby, avec au-dessous :
Publié le 15 mai 1797 par Bull et Jeffryes, Ludgate Hill. En 1836, la
gravure devint la propriété de J. P. Thompson, Dean Street, qui en
fit un nouveau tirage.
(La suite prochainement.)
T. DE WYZEWA.