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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
statue qui puisse être rapprochée comme style et comme valeur de la
statue de Subiaco est Vllioneus de Munich. Comparée à des bas-reliefs,
la statue de Subiaco parait être de la même famille que les bas-
reliefs de la balustrade du Temple de la Victoire Aptère et que les
bas-reliefs du Mausolée d’Halicarnasse 1.
Au Louvre, aucune statue ne nous donne l’idée de cet art. h'Achille,
le plus beau nu du Louvre, est un peu trop taillé à coups de hache, le
Gladiateur Borghèse est d’un art trop outré. Seule la Vénus de Vienne,
sans être de la même valeur artistique, paraît appartenir à la même
école. Mais si le Louvre n’a pas de nus pouvant rivaliser avec la
statue de Subiaco, il a, dans la Victoire de Samothrace, le plus grand
chef-d’œuvre que nous possédions comme figure vêtue du ive siècle.
Dans la classification des œuvres de l’art grec, si l’on doit classer
au premier rang l’art noble et majestueux du Parthénon, il faut
placer à sa suite l’art souple et mouvementé de Scopas, cet art auquel
nous devons la Victoire de Samothrace, Vllioneus de Munich, et le
Niobide de Subiaco2.
MARCEL REYMOND.
à partir du ive siècle surtout que la statuaire s’individualise et se sépare de l’œuvre
architecturale. Or, nous ne connaissons guère de ces œuvres que ce que les Romains
ont pris en Grèce pour le transporter sur le sol de lTlalic. Mais les Romains,
maîtres do la Grèce à partir du m8 siècle, ont surtout choisi les œuvres à la mode
du jour et ont transporté à Itome, non les œuvres calmes et sévères des premières
époques, les œuvres des Primitifs, mais les œuvres maniérées des habiles ouvriers
du me et du 11e siècle. Nous avons agi de môme en Italie, pendant les guerres du
premier Empire, et nous avons rapporté, non les œuvres exquises de sentiment et
de finesse de travail des maîtres du xve siècle, mais les œuvres violentes et tour-
mentées de l’école de Michel-Ange et des Carrache.
1. On peut se demander, en raison du support placé sous la jambe droite, si
notre statue, au lieu d’être un original, ne serait pas la réplique en marbre d’un
original de bronze. Mais l’exceptionnelle beauté de notre statue nous paraît inter-
dire une semblable conclusion. Du reste, dans l’état actuel de la science, surtout
lorsqu’il s’agit de l’art postérieur au ve siècle, il n'est pas permis d’affirmer que
toutes les statues ayant des supports ont été primitivement exécutées en bronze.
2. Nos reproductions sont gravées d'après des photographies que j’ai faites
moi-même avec M. Moscioni, dans l'établissement duquel on pourra s’en procurer
des épreuves. M. Moscioni, 10, via Gondotti, à Rome, possède huit clichés diffé-
rents de la statue de Subiaco.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
statue qui puisse être rapprochée comme style et comme valeur de la
statue de Subiaco est Vllioneus de Munich. Comparée à des bas-reliefs,
la statue de Subiaco parait être de la même famille que les bas-
reliefs de la balustrade du Temple de la Victoire Aptère et que les
bas-reliefs du Mausolée d’Halicarnasse 1.
Au Louvre, aucune statue ne nous donne l’idée de cet art. h'Achille,
le plus beau nu du Louvre, est un peu trop taillé à coups de hache, le
Gladiateur Borghèse est d’un art trop outré. Seule la Vénus de Vienne,
sans être de la même valeur artistique, paraît appartenir à la même
école. Mais si le Louvre n’a pas de nus pouvant rivaliser avec la
statue de Subiaco, il a, dans la Victoire de Samothrace, le plus grand
chef-d’œuvre que nous possédions comme figure vêtue du ive siècle.
Dans la classification des œuvres de l’art grec, si l’on doit classer
au premier rang l’art noble et majestueux du Parthénon, il faut
placer à sa suite l’art souple et mouvementé de Scopas, cet art auquel
nous devons la Victoire de Samothrace, Vllioneus de Munich, et le
Niobide de Subiaco2.
MARCEL REYMOND.
à partir du ive siècle surtout que la statuaire s’individualise et se sépare de l’œuvre
architecturale. Or, nous ne connaissons guère de ces œuvres que ce que les Romains
ont pris en Grèce pour le transporter sur le sol de lTlalic. Mais les Romains,
maîtres do la Grèce à partir du m8 siècle, ont surtout choisi les œuvres à la mode
du jour et ont transporté à Itome, non les œuvres calmes et sévères des premières
époques, les œuvres des Primitifs, mais les œuvres maniérées des habiles ouvriers
du me et du 11e siècle. Nous avons agi de môme en Italie, pendant les guerres du
premier Empire, et nous avons rapporté, non les œuvres exquises de sentiment et
de finesse de travail des maîtres du xve siècle, mais les œuvres violentes et tour-
mentées de l’école de Michel-Ange et des Carrache.
1. On peut se demander, en raison du support placé sous la jambe droite, si
notre statue, au lieu d’être un original, ne serait pas la réplique en marbre d’un
original de bronze. Mais l’exceptionnelle beauté de notre statue nous paraît inter-
dire une semblable conclusion. Du reste, dans l’état actuel de la science, surtout
lorsqu’il s’agit de l’art postérieur au ve siècle, il n'est pas permis d’affirmer que
toutes les statues ayant des supports ont été primitivement exécutées en bronze.
2. Nos reproductions sont gravées d'après des photographies que j’ai faites
moi-même avec M. Moscioni, dans l'établissement duquel on pourra s’en procurer
des épreuves. M. Moscioni, 10, via Gondotti, à Rome, possède huit clichés diffé-
rents de la statue de Subiaco.