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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Louis-Philippe. Thomire, élève de Pajou et de Houdon, avait déjà
exécuté de nombreux travaux pour le Garde-Meuble royal, et pour la
monture des vases de la Manufacture de Sèvres, entre autres, celle
du grand vase commandé pour le Muséum et qui est conservé au
Louvre, lorsque la Révolution vint ouvrir la seconde phase de sa
carrière artistique. Dans la première il avait cherché l’extrême
ténuité des rinceaux, et s’il avait été inférieur à Gouthière pour le
style et le choix de ses ornements, il l’avait surpassé par la facilité
de sa production. Dans la seconde, il devint un mythologiste con-
vaincu, ne sacrifiant plus à la grâce et reproduisant les groupes et les
figures des sculpteurs du temps. Il savait cependant retrouver son
burin de ciseleur lorsqu’il devait exécuter sur les dessins dePrud’hon,
la Psyché et la Toilette offertes à Marie-Louise par la ville de Paris,
ainsi que le berceau du roi de Rome. De lui provenaient les grands
candélabres de la salle du Trône et les vases, les pendules, les tor-
chères en bronze vert ou doré qui étaient prodigués dans tous les
palais. La manière de Thomire subit une troisième transformation
lorsqu’il s’associa ses fils en 1823, pour devenir un éditeur de
bronzes. Nous n’aborderons pas cette partie de son existence qui est
étrangère au programme de l’exposition des arts au début du siècle.
Deux portraits, l’un de Mme Récamier par Gérard prêté par le
préfet de la Seine, et l’autre représentant le fils du prince Eugène de
Beauharnais embrassant le buste de son père, semblent indiquer que
la salle suivante renferme à la fois les œuvres de l’époque du Direc-
toire et celles de l’Empire; mais le premier de ces régimes n’a pas
duré assez longtemps pour avoir un style particulier. Il vaut mieux,
pour éviter des attributions incertaines, suivre l’ordre adopté pour le
classement général. Il serait difficile d’établir à quelle année précise
remontent certaines consoles imitées des bronzes d’Herculanum et
la belle cheminée ornée de bronzes qui décore le milieu du petit
salon restitué. Nous sommes sur un terrain plus solide en présence
de l’ameublement de la chambre à coucher de M"° Mars, dont le lit
et la commode sont en acajou décoré de cuivres ciselés et de médail-
lons en porcelaine de Sèvres, qui appartient à M. Loyer, ainsi qu’en
présence du mobilier et d’un grand bureau monumental à quatre faces
prêtés par Mme G. Lebaudy et provenant de la Malmaison.
La succession des salles de l’exposition de l’ameublement a été
interrompue pour faire place, dans une salle spéciale, aux œuvres
de la peinture s’étendant de 1780 à Tannée 1820. L’ancienne
et la nouvelle école s’y coudoient et Ton y trouve à la fois les
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Louis-Philippe. Thomire, élève de Pajou et de Houdon, avait déjà
exécuté de nombreux travaux pour le Garde-Meuble royal, et pour la
monture des vases de la Manufacture de Sèvres, entre autres, celle
du grand vase commandé pour le Muséum et qui est conservé au
Louvre, lorsque la Révolution vint ouvrir la seconde phase de sa
carrière artistique. Dans la première il avait cherché l’extrême
ténuité des rinceaux, et s’il avait été inférieur à Gouthière pour le
style et le choix de ses ornements, il l’avait surpassé par la facilité
de sa production. Dans la seconde, il devint un mythologiste con-
vaincu, ne sacrifiant plus à la grâce et reproduisant les groupes et les
figures des sculpteurs du temps. Il savait cependant retrouver son
burin de ciseleur lorsqu’il devait exécuter sur les dessins dePrud’hon,
la Psyché et la Toilette offertes à Marie-Louise par la ville de Paris,
ainsi que le berceau du roi de Rome. De lui provenaient les grands
candélabres de la salle du Trône et les vases, les pendules, les tor-
chères en bronze vert ou doré qui étaient prodigués dans tous les
palais. La manière de Thomire subit une troisième transformation
lorsqu’il s’associa ses fils en 1823, pour devenir un éditeur de
bronzes. Nous n’aborderons pas cette partie de son existence qui est
étrangère au programme de l’exposition des arts au début du siècle.
Deux portraits, l’un de Mme Récamier par Gérard prêté par le
préfet de la Seine, et l’autre représentant le fils du prince Eugène de
Beauharnais embrassant le buste de son père, semblent indiquer que
la salle suivante renferme à la fois les œuvres de l’époque du Direc-
toire et celles de l’Empire; mais le premier de ces régimes n’a pas
duré assez longtemps pour avoir un style particulier. Il vaut mieux,
pour éviter des attributions incertaines, suivre l’ordre adopté pour le
classement général. Il serait difficile d’établir à quelle année précise
remontent certaines consoles imitées des bronzes d’Herculanum et
la belle cheminée ornée de bronzes qui décore le milieu du petit
salon restitué. Nous sommes sur un terrain plus solide en présence
de l’ameublement de la chambre à coucher de M"° Mars, dont le lit
et la commode sont en acajou décoré de cuivres ciselés et de médail-
lons en porcelaine de Sèvres, qui appartient à M. Loyer, ainsi qu’en
présence du mobilier et d’un grand bureau monumental à quatre faces
prêtés par Mme G. Lebaudy et provenant de la Malmaison.
La succession des salles de l’exposition de l’ameublement a été
interrompue pour faire place, dans une salle spéciale, aux œuvres
de la peinture s’étendant de 1780 à Tannée 1820. L’ancienne
et la nouvelle école s’y coudoient et Ton y trouve à la fois les