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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Rod, Édouard: Les salons de 1891 au Champ-de-Mars et aux Champs-Élysées, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0039
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LES SALONS DE 1891.

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il en est encore de tout à fait remarquables. Je cite, au hasard de
mes souvenirs : la brillante et nombreuse exposition de M. Carolus
Duran ; celle de M. Zorn, avec, surtout, un magnifique portrait de
M. Spuller, et, du même artiste, une superbe et plantureuse aqua-
relle, Dans l’atelier, qui fait éclater en notes fauves la beauté de l’animal
humain ; celle de M. Gervex, large, facile, brillante et moderne, avec
une note de vive et spirituelle fantaisie dans son plafond pour l’Hôtel
de Ville; celle de M. Jeanniot, dont le fin talent a trouvé en abon-
dance d’ingénieux motifs; celle de M. Rosset-Granger, qui maintient
une certaine note de réalisme ingénieux; les puissantes marines de
M. Mesdag, d’une réalité sauvage et parfois désespérée; les effets
de neige de M. Lebourg; les calmes et savants paysages de M. Iwill,
dont un surtout, le Matin dans la dune, rend avec une poésie com-
municative tout ce qu’il y a de fluide, de liquide, de reposé et de
bienfaisant dans une belle matinée d’été, au moment où le soleil
levant fait rougoyer l'horizon; une puissante marine de M. Mon-
tenard, qui, à côté de ses paysages provençaux, atteste la souplesse et
la variété de son talent; deux paysages algériens, pleins de lumière
et de chaleur, de M. Ary Renan ; les délicats paysages de M. Billotte;
les étonnants portraits de M. Boldini, avec leurs hardiesses de
dessin et leurs audacieux raccourcis; les portraits de M. Courtois,
surtout celui de Mme Gautreau, avec sa mise en scène de primitif
italien qui convient à merveille au genre de beauté du modèle; le
portrait de femme assise de M. Dannat; les vigoureux dessins de
M. Renouard dont M. Mathey nous donne aussi un portrait plein de
ressemblance, d’animation et de relief ; les aquarelles de M. Béthune,
qui excelle à traduire, dans cet art délicat, les élégances mondaines
et parisiennes; l’exposition de M. Goeneutte, surtout la femme pen-
chée sur un balcon à Venise; la délicieuse Nursery de M. Gaston
Le Touche; les deux enfants de M. Werenskiold, peints avec une
sincérité si franche; les très fins et très individuels paysages de
M. Muenier; les toiles de M. Lobre, qui rajeunit non sans bonheur le
tableau de genre ; et combien d’autres encore que je ne puis même
citer! Et je reste sous l’impression d’un mouvement artistique intense,
d’une production luxuriante, d’une somme colossale de talent semée
à travers les ateliers de Paris, à profusion, et surtout, de quelques
œuvres bien légères, dignes de témoigner dans l’avenir en faveur
de la bonne volonté, du travail, de l’acquit et de la force créatrice
de notre « fin de siècle », — qui, dans le domaine de l’art comme
dans plusieurs autres, est une aurore bien plus qu’une décadence.
 
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