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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Durrieu, Paul: Alexandre Bening et les peintres du Bréviaire Grimani, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0074
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62

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

exceptionnel, ne fait que confirmer la règle'1, ne s’est jamais intro-
duit dans nos régions. Et cependant, de ce côté-ci des Alpes, comme
sur l’autre versant, il se trouvait des artistes moins résignés à cette
obscurité forcée, imposée par la coutume, et qui n’auraient pas été
fâchés, eux aussi, de laisser leur nom à la postérité. Ceux-ci ont
tenté parfois de tourner la-difficulté, et puisqu’on ne voulait pas de
signatures franches, il y ont suppléé par des signatures dissimulées.

Tantôt ils ont inscrit leurs noms en caractères microscopiques
perdus dans un détail des costumes ou du paysage, et qu’un examen
attentif fait seul découvrir. Ainsi en ont usé, entre autres, les enlu-
mineurs français G. Hugonnet et Jean de Monluçon dans deux livres
d’Heures, conservés à la Bibliothèque d’Aix et à l’Arsenal L

Tantôt, au contraire, les noms ont été tracés en lettres assez
grosses et bien visibles, mais placés de manière à ne pas attirer
l’attention, et à pouvoir passer pour un détail sans importance lors-
qu’on n’est pas averti. Nous pouvons citer à ce sujet un exemple
d’autant plus précieux pour nous en ce moment, qu’il concerne un
artiste ayant vécu à la même époque et dans le même pays que le
maître du Boëce. Dans la miniature initiale du tome IY d’une Histoire
de Charles Martel qui est un des manuscrits les plus connus de la
Bibliothèque royale de Bruxelles (n° 6 à 9), on lit sur un mur, en
caractères gothiques : loyset l. Nul doute que cette inscription ne
soit une signature. En effet, nous possédons encore toutes les pièces
de comptes relatives à l’enluminure de ce manuscrit, commandée
pour Philippe le Bon et achevée sous Charles le Téméraire en 1471 ;
et les pièces en question nous montrent que le mot Loyset et la lettre
L. sont effectivement le prénom et la lettre initiale du nom de
l’auteur des miniatures : Loyset Lyedet1 2 3.

1. Je veux parler de l’inscription en lettres d’or : « Johannes de Brugis pielor
regis predicti fecit hanc picturam propria sua manu », placée dans la Bible de Jean
de Vandetar, du Musée Meermanno-Westreenen, à la Haye, en face de cet admi-
rable portrait de Charles Y, que M. Louis Gonse a si bien décrit et apprécié dans
la Chronique des arts de 1877.

2. La signature « G. Hugonnet me p. » se lit en lettres extrêmement fines au
bas d’une image de la Vierge, au fJ 369 du livre d’Heures qui a été légué à la ville
d’Aix par M*1 Rey, évêque de Dijon. Dans le manuscrit n° 438 de l’Arsenal, c’est
au centre même d’une miniature représentant le mariage de la Vierge, que les
mots : « Johannes de Montelucio me pinxit » sont tracés sur le galon d’une pièce
de l’habillement du grand prêtre, en traits dorés qui semblent, au premier coup
d’œ il,ne figurer qu’une simple broderie.

3. Pinchart, Les Miniaturistes, copistes et enlumineurs du duc Philippe le Bon
 
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