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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Seidel, Paul: Antoine Pesne, 3: premier peintre de Frédéric le Grand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0088
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

fameux de ses châteaux. Là encore, Pesne eut à peindre une série de
plafonds et un grand nombre de tableaux de chevalet. Il faut citer en
particulier, comme les plus caractéristiques de son talent, les cinq
grandes peintures enchâssées dans les murs du salon de musique et
datées de 1747. Elles représentent des scènes mythologiques, et mar-
quent à coup sûr l’apogée de sa manière dans ce genre tant pratiqué.
Sur chacun des deux murs latéraux sont peints deux sujets. En
face de la fenêtre se trouve la pièce la plus importante : Diane
sortant du bain. Pesne a acquis avec les ans une élégance dans la
façon de traiter le nu, qui, sans rien de trop mièvre, dénote les
dispositions artistiques les plus heureuses, jointes à une étude
sérieuse et longuement poursuivie de la nature.

On voit que Pesne a mis en pratique le conseil à lui adressé par
Frédéric dans les derniers vers de son poème, et abandonné la
peinture des scènes religieuses : il en avait peint trois, en 1739,
pour l’église catholique de Potsdam; une quatrième, une Nativité,
se trouve dans l’église catholique de Sainte-Hedwige à Berlin. Mais
aux plafonds et sur les murs des châteaux royaux, ce qu’il peignait
toujours, c’étaient les dieux et les déesses de la mythologie, avec leur
suite, ou bien encore les dieux et les déesses de théâtre. Dans les
premiers tableaux de Pesne nous reconnaissons ordinairement comme
ayant servi de modèles pour les personnages féminins les figures de
la femme et des jolies belle-sœurs du peintre ; plus tard la même
place est prise par la Bârberina et ses collègues, jusqu’à ce qu’enfin
Pesne tombe à son tour dans le chic, et peint ses têtes de femmes,
comme aussi ses portraits, avec un certain manque d’expression qui,
d’ailleurs, n’enlève rien à ses qualités d’élégance et de légèreté. Le
comte de Manteuffel était, en somme, en droit d’écrire, en 1736, au
prince royal que les portraits de dames de Pesne, « l’Apelle de
Berlin » étaient tous « très. reconnaissables, quoiqu’ils fussent en
même temps infiniment plus beaux que les originaux ».

La faveur du roi pour Pesne ne se manifestait pas seulement en
espèces sonnantes : le 2 février 1746, il lui fit don d’un terrain dans
l’Oberwallstrasse, en même temps que de la quantité de pierres et de
bois nécessaire pour la construction d’une maison. Cette maison, où
Pesne habita depuis lors jusqu’à sa mort, n’existe plus aujourd’hui ;
à sa place s’élève un établissement de banque. Nul doute que la
maison de Pesne fut faite sur les plans de son ami Knobelsdorff,
pour lequel, en revanche, le maître français a exécuté des peintures
murales dans sa petite villa du Thiergarten, servant aujourd’hui de
 
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