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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
énumérées par le P. Masetti *, aucune ne contient plus ni fresques
de Ghirlandajo, ni marbres de Verrocchio, ni souvenir quelconque
des Tornabuoni, à l’exception du tombeau de Giovanni-Francesco
(mort en 1480), ciselé par Mino deFiesole. J’ajouterai que la fondation
de toutes ces chapelles paraît, d’après le travail très insuffisant du
P. Masetti, soit antérieure, soit postérieure aux Tornabuoni. Une
seule d’entre elles semblerait pouvoir être identifiée avec la chapelle
décorée par Yerrocchio et Ghirlandajo : c’est la chapelle consacrée à
saint Jean-Baptiste. Le choix du Précurseur cadre à la fois avec les
origines florentines des Tornabuoni (saint Jean était, comme on sait,
le patron de Florence), avec le prénom du fondateur de la chapelle
et avec le sujet imposé à Ghirlandajo. Nous voyons en outre que cette
chapelle fut attribuée en 1588 à la famille Naro ou Nari 1 2. Or, la
famille Tornabuoni s’étant précisément éteinte vers cette époque, il
est permis d’admettre, sans trop de témérité, que les dominicains,
possesseurs de l’église de la Minerve, auront disposé de la chapelle
en faveur de nouveaux titulaires.
C’est à ce moment, selon toute vraisemblance, que les œuvres
d’art qui ornaient la chapelle des Tornabuoni furent dispersées.
Tandis que la statue de Giovanni Francesco prit place dans la nef de
gauche, le tombeau de Francesca fut exilé du sanctuaire. On ignore
d’ailleurs comment les bas-reliefs arrivèrent de Rome à Florence :
tout ce que l’on sait, c’est qu’en 1805 le « Scrittojo delle R. Fabbriche »
les livra à la galerie des Offices, qui les céda à son tour, il y a
quelques années, au Musée national, où ils sont actuellement exposés.
Avant de nous occuper du mausolée de Francesca Tornabuoni,
objet principal de ce mémoire, examinons encore un problème de
chronologie soulevé par Vasari, qui en pareille matière prête si
souvent le flanc.
Le biographe rapporte que Yerrocchio, de retour à Florence,
reçut la commande du David de bronze. Or, il résulte d’un document
publié par M. Milanesi que cette statue fut au contraire terminée
en 1476 : elle est donc antérieure et non postérieure au tombeau de
la Minerve.
1. Memorie istorichi dslla chiesa di S. Maria sopra Minerva; Rome, 1835.
2. Dès 1575, Orazio Nari était inhumé dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste.
En 1588, Fabrizio Nari la choisit pour sépulture de sa famille ; il la fit reconstruire
à une époque qui n’est pas connue. (Forcella, lscrizioni delle cliiese... di Roma,
t. Ier, p.4 475, 193.)
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
énumérées par le P. Masetti *, aucune ne contient plus ni fresques
de Ghirlandajo, ni marbres de Verrocchio, ni souvenir quelconque
des Tornabuoni, à l’exception du tombeau de Giovanni-Francesco
(mort en 1480), ciselé par Mino deFiesole. J’ajouterai que la fondation
de toutes ces chapelles paraît, d’après le travail très insuffisant du
P. Masetti, soit antérieure, soit postérieure aux Tornabuoni. Une
seule d’entre elles semblerait pouvoir être identifiée avec la chapelle
décorée par Yerrocchio et Ghirlandajo : c’est la chapelle consacrée à
saint Jean-Baptiste. Le choix du Précurseur cadre à la fois avec les
origines florentines des Tornabuoni (saint Jean était, comme on sait,
le patron de Florence), avec le prénom du fondateur de la chapelle
et avec le sujet imposé à Ghirlandajo. Nous voyons en outre que cette
chapelle fut attribuée en 1588 à la famille Naro ou Nari 1 2. Or, la
famille Tornabuoni s’étant précisément éteinte vers cette époque, il
est permis d’admettre, sans trop de témérité, que les dominicains,
possesseurs de l’église de la Minerve, auront disposé de la chapelle
en faveur de nouveaux titulaires.
C’est à ce moment, selon toute vraisemblance, que les œuvres
d’art qui ornaient la chapelle des Tornabuoni furent dispersées.
Tandis que la statue de Giovanni Francesco prit place dans la nef de
gauche, le tombeau de Francesca fut exilé du sanctuaire. On ignore
d’ailleurs comment les bas-reliefs arrivèrent de Rome à Florence :
tout ce que l’on sait, c’est qu’en 1805 le « Scrittojo delle R. Fabbriche »
les livra à la galerie des Offices, qui les céda à son tour, il y a
quelques années, au Musée national, où ils sont actuellement exposés.
Avant de nous occuper du mausolée de Francesca Tornabuoni,
objet principal de ce mémoire, examinons encore un problème de
chronologie soulevé par Vasari, qui en pareille matière prête si
souvent le flanc.
Le biographe rapporte que Yerrocchio, de retour à Florence,
reçut la commande du David de bronze. Or, il résulte d’un document
publié par M. Milanesi que cette statue fut au contraire terminée
en 1476 : elle est donc antérieure et non postérieure au tombeau de
la Minerve.
1. Memorie istorichi dslla chiesa di S. Maria sopra Minerva; Rome, 1835.
2. Dès 1575, Orazio Nari était inhumé dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste.
En 1588, Fabrizio Nari la choisit pour sépulture de sa famille ; il la fit reconstruire
à une époque qui n’est pas connue. (Forcella, lscrizioni delle cliiese... di Roma,
t. Ier, p.4 475, 193.)
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