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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 6
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Maindron, Maurice: La collection d'armes du Musée du Louvre, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0542
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482

GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

Ce poignard et cette épée sont ceux du grand maître de l’Ordre
de Malte, Jean Parisot delà Valette (1494-1568), qui fut grand maître
en 1557. Ils lui avaient été donnés soit par le pape Pie IV, soit par
le roi Philippe II, pour avoir défendu Malte en 1565 contre Soliman II.
L’épée a été figurée et décrite en divers recueils, notamment par
Édouard de Beaumont qui lui a consacré une belle héliogravure et
une courte notice dans la Fleur des Belles Epées. C’est, comme le
poignard, une merveille d’orfèvrerie. Dans cette mignonne dague,
la poignée tout entière, c’est-à-dire la petite garde dont d’élégantes
retombées de volutes forment les quillons, la fusée et le pommeau,
est faite d’or ciselé rehaussé d’émaux. « L’or est ciselé avec autant
de finesse que de goût, dit la Notice du Musée des Souverains, ce
sont des cartouches dont la succession et l’enlacement forment une
sorte de réseau sertissant de place en place comme dans un cadre
élégant, de petites têtes d’hommes et de femmes, et sur le pommeau
des mufles de lion. Des émaux de couleurs variées sont posés sur
tous les enroulements dont ils accusent les contours. »

L’épée et le poignard sont-ils de la même main? C’est à croire, et
nous pouvons même dire que nous en connaissons l’auteur. Il existe
en effet au Musée de Cassel une poignée de petite dague presque
identique à celle de La Valette, mais montée sur une lame d’épée
touchée d’or et présentant des inscriptions arabes. Or, le Musée de
Munich possède, paraît-il, un dessin de ce poignard dû à l’orfèvre
Hans Mielich qui travailla pendant la seconde moitié du xvie siècle
à la Cour des ducs de Bavière *. Si les poignards du Musée de Cassel
et du Musée de Louvre ne sont pas de la main de Hans Mielich, ils
sont au moins de sa composition, et nous avons vu que ce maître est
un de ceux dont on a conservé les dessins originaux d’armures de
souverains. La célébrité dont jouissaient les orfèvres bavarois rend 1

1. Hans Mielich travaillait encore en 1576. Séré et Lacroix ont donné deux
planches en chromo-lithographie d’une épée avec son poignard, son ceinturon,
ses pendants et toutes ses garnitures, d’après les dessins originaux de ce maître
appartenant à M. de Hefner-Alteneck (Cfr. Le Moyen Age et la Renaissance. PL
d’orfèvrerie civile). — Le poignard du Musée de Cassel a été étudié et décrit par
M. E. Plon dans son Benvenulo Cellini, car on attribuait jadis cette œuvre au
ciseleur florentin (Cfr. Benvenuto Cellini, p. 352, pl. LXVI). — L’inventaire du
Musée de Cassel de 1867 note que ce poignard fut envoyé à Paris pour y être
monté et que c’est là qu’on le munit de cette lame d’épée. Au reste, le poignard de
La Valette, comme son épée, ne paraissent point avoir leurs lames primitives, ou
tout au moins si la lame du poignard date du xvie siècle elle a été tellement
remaniée qu’elle a perdu tous ses caractères originels.
 
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