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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 1
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Ephrussi, Charles: Simon-Jacques Rochard (1788 - 1872), 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0055
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SIMON-JACQUES ROCHARD.

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un châle écossais vert et bleu jeté sur les genoux; à gauche un pan
de portière sombre, à droite un coin de cadre doré laissant voir un
groupe de Watteau spirituellement copié; chaude atmosphère
d’appartement confortable ; beauté tout espagnole aux cheveux noirs
de corbeau dont une boucle tombe au milieu du front; grands yeux
brun foncé fendus en amande, au regard tristement pensif, avec des
sourcils épais ; le cou délicieusement rond et la poitrine de ton
délicat et éclatant: évocation d’un type personnel et d’une troublante
séduction en accord avec la chaude atmosphère du luxueux boudoir
et peint avec la verve et l’entrain de Delacroix dans ses aquarelles ;
— aussi jolie et aussi joliment peinte, la fille de Rochard en
demi-figure, assise, dans un fond de paysage, sur un banc que
recouvre une ample pelisse en velours rouge doublée d’hermine; elle
se présente de trois quarts regardant vers la gauche, un bras caché
dans les longs plis d’une mantille à l’espagnole en dentelle noire
qui, retenue au sommet de la tête par de hautes coques de cheveux,
tombe le long du corps ; le coude du bras droit s’appuie sur le dossier
du banc et le menton repose sur la main ; des boucles frisées enca-
drent le ravissant visage, dont les traits, d’une exquise finesse, sont
éclairés par le doux éclat des grands yeux pleins de tendresse lan-
goureuse ; corsage de velours noir décolleté à longues manches à
gigot garnies de manchettes en baptiste blanche; dans l’échancrure,
trois perles en forme de poires appendues à une barrette de rubis *.
Moins bien venu est le portrait de lady Wombwell (signé en travers,
à gauche, Rochard, 1831, Sept.); la tête est trop grande, le visage
d’un ovale trop allongé dans son maniérisme sentimental et d’un
dessin douteux; les yeux démesurément fendus et le cou de cygne
d’une ondulation exagérée. Mais l’art consommé du maître éclate
dans les accessoires, surtout dans un cabinet en laque aux tons
chatoyants mordorés, tachetés de bleu foncé et de jaune fauve,
noyé dans l’ombre, sous un petit vase de fleurs, dans les coussins
d’étoffe orientale et de velours rouge, et dans la robe de satin blanc
avec une double écharpe de soie blanche et noire, brodée d’or,
tombant de la taille sur les genoux. Jamais Rochard ne s’est montré
peintre aussi subtil et aussi exquis, si ce n’est encore dans un por-
trait de femme (Mme Vestris peut-être) dont le lecteur pourra appré-

1. Cette délicieuse miniature nous a été obligeamment communiqué par le pro-
priétaire, le comte de Laborde. Le modèle nous semble être celui qui a servi au
portrait publié en couleurs dans notre précédent article et que des renseignements
nouveaux nous permettent de considérer comme la fille môme de Rochard.
 
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