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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Reinach, Théodore: Les sarcophages de Sidon au Musée de Constantinople, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0105
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92

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pour la science, qu’ils privent de ces renseignements précis sur
1’ « état civil » des antiquités, sans lesquels il n’y a pas d’archéo-
logie sérieuse.

Au mois de janvier 1855 le hasard fit découvrir, dans une partie
de la nécropole de Sidon appelée Magarat Abloun, presque à fleur de
terre, le beau sarcophage qui renfermait les restes d’Eschmounazar,
fils de Tabnit, roi des Sidoniens. Ce monument, jusqu’alors unique,
décoré d’une longue inscription phénicienne, passa, grâce à la libé-
ralité du duc de Luynes, dans les salles orientales du Louvre, dont
il est aujourd’hui l’un des plus beaux ornements. Il excita au plus
haut degré la curiosité des savants par les problèmes qu’il soulevait
et notamment par celui de sa date, sur laquelle les opinions diffé-
raient singulièrement. Ce fut en grande partie dans l’espoir de
rencontrer des monuments analogues, qui livreraient la clef de ce
mystère chronologique et éclaireraient tout le long passé de la Phé-
nicie, que le gouvernement impérial confia à M. Ernest Renan, en 1860,
l’importante mission dont les résultats sont consignés dans le magni-
fique ouvrage intitulé Mission en Phénicie.

A Sidon, où les fouilles, dirigées par de Dr Gaillardot, se prolon-
gèrent pendant quatre ans (1861-1864), la mission ouvrit vingt-sept
caveaux et en retira une importante série de sarcophages en forme
de gaines de momies auxquels M. Renan a dominé le nom d’anthro-
poïdes Ces sarcophages, où l’on peut suivre l’influence progressive
de l’art grec sur les vieilles formes de l’art oriental, ont un réel
intérêt archéologique; mais aucun d’eux n’est à proprement parler
une oeuvre d’art : on peut s’en convaincre en étudiant les spécimens
que M. Renan en a rassemblés au Louvre. De plus, aucun ne porte
la moindre inscription phénicienne, aucun n’est le frère tant désiré
du sarcophage d’Eschmounazar. Après comme avant la mission,
d’ailleurs si fructueuse, de M. Renan, le mystère restait entier et
l’éminent savant ne rapporta de son voyage qu’un seul chef-d’œuvre :
la Vie de Jésus.

C’est d’un autre côté qu’allait venir la lumière, et le hasard devait
réussir là où la méthode la plus circonspecte, mise au service de la
science la plus pénétrante, avait échoué. Au commencement de 1887,
un certain Mehmed Chérif, propriétaire d’un terrain stérile appelé
Ayaa, et situé à l’est de Saïda, à 1,550 mètres environ de la mer,
entreprit des travaux dans sa propriété à l’effet d’en extraire des i.

i. Mission en Phénicie, p. 412.
 
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