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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Reinach, Théodore: Les sarcophages de Sidon au Musée de Constantinople, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0104

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LES SARCOPHAGES DE SIDON.

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1

L’histoire de cette découverte capitale a déjà été racontée partiel-
lement au public français; il ne sera pas inutile cependant de la
rappeler en quelques mots aux lecteurs de la Gazette.

On savait depuis longtemps que les environs de la ville moderne
de Saïda, — qui occupe une faible partie de l’emplacement de l’antique
Sidon, métropole de la Phénicie, — étaient, suivant l’expression de
M. Renan, une véritable mine d’antiquités. La nécropole de la vieille
cité, au lieu de se concentrer, suivant l’usage gréco-romain, dans
une localité déterminée et restreinte, est dispersée dans toute
l’étendue des faubourgs et de la banlieue, aujourd’hui couverts de
jardins et de vergers; partout où le grès calcaire friable, appelé
ramlé dans le pays, affleurant presque à la surface du sol, se prêtait
à l’excavation de ces chambres funéraires, où les Phéniciens aimaient
à déposer leurs morts, il y a des chances, en creusant à une profon-
deur suffisante, de mettre la main sur quelque sépulture antique.
D’ailleurs, comme les mêmes caveaux ont servi indéfiniment aux
générations successives, aux religions et aux civilisations diverses
qui ont défilé sur le sol de la Phénicie, il n’est pas rare de rencontrer
côte à côte, dans le même hypogée, une gaine de momie égyptisante,
un sarcophage gréco-romain et un cippe chrétien. On est confondu à
la pensée des résultats qu’auraient fournis à l’histoire et à l’archéo-
logie des fouilles méthodiques entreprises en temps utile sur ce sol
privilégié. Malheureusement la nécropole de Sidon, comme tant
d’autres, a été livrée depuis des siècles à l’exploitation brutale et
inintelligente des chercheurs de trésors d’abord, plus tard des brocan-
teurs d’antiquités, qui sont particulièrement nombreux et actifs dans
ces parages. L’immense majorité des tombes qu’on y découvre aujour-
d’hui ont été dès longtemps violées, éventrées, mises au pillage.
Sans doute ces dévastations n’ont pas été toujours infructueuses,
et il est probable que beaucoup de précieux objets qui ornent les
vitrines des collections publiques ou particulières n’ont pas d’autre
origine; mais les fouilleurs clandestins ont le double tort de détruire
ou de dépecer les objets d’un transport difficile, et de dissimuler
soigneusement la provenance des dépouilles qu’ils revendent aux
marchands européens : de là un préjudice irréparable pour l’art,
dont ils font disparaître les monuments les plus considérables, et
 
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