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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Reinach, Théodore: Les sarcophages de Sidon au Musée de Constantinople, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0103

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

débarque sur la rive de la Corne d’Or, beaucoup se croient quittes
envers le passé gréco-romain pour avoir jeté un regard hâtif et
distrait sur les bas-reliefs de l’obélisque de Théodose et sur le ser-
pent de Platées. On peut compter ceux qui prennent la peine d’entrer
au petit Musée d’antiquités, modestement caché derrière les murs du
Vieux Sérail: bien des voyageurs instruits en ignoraient même, il y
a peu de temps, l’existence. Et cependant, le Musée impérial ottoman,
avec l’Ecole des Beaux-Arts qui lui est annexée, méritait bien une
visite, même avant ses dernières acquisitions, ne fût-ce que pour
l’édifice qui l’abrite depuis 1875. Tchinili-Kiosk, le « kiosque aux
faïences », n’est pas seulement le premier monument érigé à Con-
stantinople par les Turcs après la conquête, c’est encore ün des
bijoux les plus exquis de l’architecture ottomane. Son porche, décoré
de carreaux de faïences multicolores qui s’enchevêtrent comme les
cubes d’une mosaïque, est digne de rivaliser avec les admirables
niches de la Mosquée Verte de Brousse, où un grand artiste anonyme
a fixé pour jamais, dans une chaude pénombre, les fleurs de son rêve
d’émeraudes. Dans les salles, dans les vestibules, sous le péristyle,
et jusque dans les caves et le jardin, s’entasse, déjà fort à l’étroit,
une riche collection d’antiquités grecques, romaines et orientales.
On y trouve un peu de tout : fragments de marbre et de bronze,
sarcophages, terres cuites, hideux colosses chypriotes, stèles
palmyréniennes, cylindres assyriens, blocs chargés d’inscriptions
grecques, latines, coufiques, hétéennes. Mais dans ce fouillis, qui
s’enrichit et se classe de jour en jour, il y a, même pour le simple
amateur qui ne se pique pas d’archéologie, des morceaux de premier
ordre : tels l’Hercule de Guéridjé, l’Artémis de Lesbos, les statuettes
de Myrina et de la Troade, et par-dessus tout les magnifiques frag-
ments de deux athlètes en bronze, provenant de Tarse.

Cependant, quel que soit le mérite de toutes ces œuvres et de bien
d’autres, qu’on trouvera décrites soit dans le Catalogue de mon frère,
soit dans des monographies plus récentes, leur intérêt, pour l’artiste
et le dilettante, sera désormais complètement éclipsé par celui des
sarcophages grecs rapportés en 1887 de Saïda par Hamdy Bey,
directeur du Musée impérial. Cette acquisition hors de pair a classé
du coup le Musée de Constantinople parmi les quatre ou cinq sanc-
tuaires privilégiés où l’on peut étudier avec le plus de fruit l’art grec
classique. Au dévot de Phidias, de Praxitèle et de Scopas, le voyage
de Constantinople s’imposera dorénavant comme celui de Londres,
de Rome, d’Athènes ou d’Olympie.
 
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