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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 4
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Reinach, Salomon: Le Musée des antiques à Vienne, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0324
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LE MUSÉE DES ANTIQUES A VIENNE.

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liberté d’interprétation, qui reconnaissait toutefois certaines limites :
ainsi, sculpteurs ou graveurs de coins monétaires ne manquèrent
jamais de figurer Sappho la tête enveloppée d’une sorte de bonnet
de laine, détail qui leur était indiqué comme une mode ionienne
du vi° siècle. Nous avons récemment publié dans la. Gazette' un
buste de Sappho,. conservé à la villa Albani, à Rome, qu’il est
instructif de comparer à celui de Tienne; ce dernier est infiniment
supérieur par l'originalité et la profondeur de l'expression. On a
proposé de rapporter à Silanion, sculpteur du milieu du ive siècle, la
fixation du type traditionnel de Sappho. Si nous avons raison de
reconnaître Sappho dans le marbre de Tienne, cette hypothèse devient
difficile à soutenir, car le buste en question nous reporte, du moins
par l’original qu’il laisse entrevoir, à une époque où Silanion
n’était pas né. Ne faudrait-il pas plutôt songer à Crésilas, le sculpteur
du ve siècle auquel nous devons le portrait idéalisé de Périclès, peut-
être aussi celui d’Aspasie, et dont nous avons déjà parlé, au
commencement de ce travail, à propos de l’Amazone blessée du
Musée de Tienne? De pareilles suppositions sont presque trop faciles
à émettre et l’on se reproche de ne pas les garder pour soi, lorsqu’on
ne peut les étayer d’aucune preuve. Et cependant, quand nous nous
sommes fait, à tort ou à raison, une certaine idée du caractère d’un
artiste dont nous ne possédons pas une seule œuvre signée, il est bien
tentant de prononcer son nom, malgré la conviction où nous sommes
de notre ignorance, pour indiquer l’époque et l’école à laquelle une
œuvre anonyme nous parait devoir être attribuée!

Tl.

Le Musée de Tienne possède plusieurs sculptures rapportées de
Samothrace par l’expédition autrichienne de 1873, mais il n’en est
aucune qui puisse, même de très loin, être comparée au chef-d’œuvre
que le Louvre doit àM. Charnpoiseau. La meilleure est une Tictoire
fragmentée, qui était représentée, à ce qu’il semble, dans l’acte
d’ériger un trophée1 2. C’est une figure très élégante, un peu grêle
même, dont l’exécution, quoique sommaire, porte la marque d’un
praticien exercé. Comme le fragment du fronton du temple des

1. Gazelle des Beaux-Arts, 3e série, t. VI, p. 435.

2. Untersuchungen auf Samothrake, t. I, pi. XLVIII.
vu. — 3e PÉRIODE.

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