Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Phillips, Claude: John Opie
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0340
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
312

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

paraît que la charmante et docte Amelia Opie ne pouvait souffrir les
façons trop autoritaires du redouté critique et satiriste. Cependant,
Opie, qui n’avait guère ralenti ses ardents efforts pour combler les
lacunes d’une éducation nécessairement défectueuse, avait fini par
acquérir de sérieuses qualités littéraires. Son premier essai comme
écrivain avait été l’article sur sir Joshua Reynolds, inséré dans
l’édition que fit Wolcot du Dictionnaire des peintres de Pilkington.
Ensuite vinrent les conférences sur les Principes de l’Art, qu’il fit à la
Royal Institution, devant le public en même temps élégant et instruit
qui fréquentait cette salle d’élite — conférences dont il se montra
lui-même beaucoup moins satisfait que le public. Ce fut en 1805
qu’il obtint la haute faveur d’être élu professeur de peinture à
l’Académie. Dédaignant de se ménager, en profitant du règlement
qui lui accordait trois ans pour préparer ses discours en chaire, le
maître voulut absolument entrer en fonctions dès l’hiver de 1806-1807.
Il put donner en tout quatre conférences sur les six que voulait le
règlement. Elles avaient pour sujet le Dessin, l'Invention, le Clair-
obscur et la Couleur; la première eut lieu le 16 février et la dernière
le 9 mars 1807. J’ai déjà dit qu’après la mort prématurée du peintre,
ses discours furent publiés avec une préface d’Amelia Opie. Au
moment où il parvenait à l’apogée de la fortune, qu’il avait méritée
par de si nobles efforts, Opie fut atteint d’une mystérieuse maladie
de la moelle épinière, qui résista à tous les soins de cinq des médecins
les plus en renom de Londres; ceux-ci avouèrent même ignorer la
vraie nature du mal, qui ne fut révélée que trop tard, par une
autopsie. Pendant son délire, il ne cessait de s’occuper encore de
ses toiles inachevées, destinées à la prochaine exposition de la
Royal Academy. Profitant d’un intervalle de lucidité, il fit même
venir son élève Thomson, et parvint à faire terminer par lui, en sa
présence, le fond d’un grand portrait du duc de Gloucester, auquel sa
pensée semblait surtout s’attacher.

Opie mourut le 9 avril 1807, et fut enseveli avec grande pompe
dans la cathédrale de Saint-Paul, près du tombeau qui avait reçu,
en 1792, la dépouille mortelle de Reynolds. Non seulement les
membres de l’Académie, mais nombre de personnages haut placés,
amis ou clients du maître, se joignirent au cortège funèbre, qui partit
de la modeste demeure de Berners Street pour s’acheminer vers
l’église métropolitaine.

La largeur et la simplicité, le réalisme puissant et élevé qui fai-
saient le fond de la méthode d’Opie, et qui lui ont assuré une place
 
Annotationen