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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 4
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Fourcaud, Louis de: L' art gothique, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0366
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

abbatiale Saint-Ouen de Rouen et la cathédrale Saint-Étienne de
Metz, cette dernière d’un style champenois prononcé. Ce sont des
églises savamment conçues, soigneusement construites, somptueu-
sement parées, mais sèches et sans âme. La faute n’en est pas aux
constructeurs : ils se dépensent sans compter, mais ils ne sont plus
à l’époque ardente. Cette époque, si cruellement tourmentée par les
horreurs de la guerre de Cent ans, par les exactions des grandes
compagnies, par des ruines, par des contagions sans fin, se comporte
vaillamment. Elle voit la liberté s’étendre du côté du Midi, où
naissent, sous les pas des sénéchaux royaux, de petites villes privi-
légiées, cos bastides bâties en carré autour d’une belle église
gothique. Ses adroits maîtres d’œuvre s’entendent à merveille à
dresser ses flèches, comme à Sées, à combiner de riches portails, tels
que les portails latéraux de la cathédrale de Rouen, à étayer, arc-
bouter, évider, décorer. Non, ce n’est pas leur faute s’il n’est plus en
eux d’inspiration religieuse. Saint-Nazaire de Carcassonne, immense
transsept ajouré de bas en haut, auquel s'ajoutent une nef et une
abside, peut passer pour un chef-d’œuvre de structure et d’ornemen-
tation découpée et sculptée. L’architecte du Nord qui a élevé ce monu-
ment l’emportait de beaucoup sur les auteurs de Saint-Urbain, de
Saint-Ouen et de Saint-Étienne de Metz, et sa basilique, pourtant, ne
communique pas une impression supérieure. Deux nouveautés seu-
lement — deux constructions en briques — nous réservent, l’une
quelque surprise, l’autre quelque émotion. La première est l’église
des Jacobins de Toulouse, au clocher octogonal, étagé d’arcatures en
triangle et, surtout, aux deux nefs élancées, égales, hardies et nues
comme la doctrine de saint Dominique, coupant l’axe du chœur par
leur ligne unique de piliers. La seconde est cette étrange cathédrale
à donjon : Sainte-Cécile d’Albi.

Entreprise à la fin du xme siècle, en 1282, Sainte-Cécile a retenu
mieux qu’un reflet du sentiment ancien. Son plan, dont les Méridionaux
se sont tant inspirés, est celui d’une gigantesque chapelle : une seule
nef, large et haute, sans transsept ni bas côtés, ceinte d’autels entre
ses contreforts reportés à l’intérieur. Elle offrait aux yeux, en sa
nudité première, une masse de briques fruste et singulièrement impo-
sante. L’école flamboyante, aux approches de 1500, lui a taillé un
porche de pierre blanche, qui l’égaye au dehors, et l’a enrichie, au
dedans, d’une clôture de chœur, comme les cathédrales d’Amiens et
de Chartres sont seules à en posséder. Mais on a beau faire, on est
troublé, dans cette église, par la disparate du décor et du monument.
 
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