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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 6
DOI article:
Pottier, Edmond: Les Salons de 1892, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0503
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LES SALONS DE 1892.

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historiques. Pour ceux-là, le besoin de l’exactitude et de la vérité
scrupuleuse est devenu si grand, les documents à compulser sont si
nombreux qu’un bon peintre d’histoire devrait en même temps se
faire historien, archéologue, chartiste, et sa vie n’y suffirait point.
Aussi l’on se contente d’à peu près et on laisse à l’imagination le
soin de suppléer à la pénurie des informations. La toile de M. Cormon,
les Funérailles d'un chef à l'âge de fer, la Première charrue de M. Char-
rier, VEcriture sur la pierre de M. Baudoin sont des incursions dans le
domainepréhistorique qui attestent une intelligente curiosité d’esprit ;
mais il est à peine besoin de dire que, pour des périodes aussi mal
connues, toute reconstitution historique est nécessairement fausse.
Quand il s’agit d’époques plus rapprochées de nous, la tâche est en
apparence plus facile, mais elle exige, outre des recherches compli-
quées, un sens très rare de la réalité. Les artistes voient généralement
l’histoire à travers la littérature, à travers le roman ou le théâtre.
Il y a du Flaubert dans le Saint Simeon le Stylite de M. Yeher; il y
a du mélodrame ou du décor théâtral dans Les Francs de M. Luminais,
dans VArius au concile deNicée de son élève M. Sallé, dans la Basilissa
de M. Wencker, dans l’Entrée de Louis XI à Paris de M. Tattegrain.
M. Delance me semble voir plus juste en mêlant à l’antique, dans
ses Nautes parisiens, un sens moderne de la lumière et du paysage.
La Maison de Socrate de M. Cazin est une tentative plus marquée
encore dans le même genre. Tous ces essais sont sans doute
intéressants, mais nous attendons toujours l’homme de génie qui
créera la peinture d’histoire telle qu’on doit la comprendre au
xixe siècle, après les travaux des Augustin Thierry, des Guizot, des
Michelet, des Curtius et des Mommsen.

Consolons-nous en cherchant ailleurs la tradition antique. Elle
est surtout dans les études de nu. C’est l’antiquité qui, venant jusqu’à
nous par l’entremise des grandes écoles de la Renaissance, nous a
légué ce goût précieux pour les formes vivantes du corps humain.
Beaucoup d’artistes rendent à cette influence un hommage tacite en
cherchant un nom antique pour des figures nues auxquelles s’appli-
querait mieux le simple nom d'Etudes. Les Nymphes, les Echos, les
Bacchantes se rencontrent comme toujours en assez grand nombre,
mais cette étiquette mythologique n’ajoute rien à ce qu’elles sont. La
Danaïde de M. Joy, aux Champs-Elysées, indique une recherche un
peu plus approfondie de la légende antique, mais le morceau essen-
tiel n’en est pas moins une étude de nu. Il en est de même pour les
 
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