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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 1
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Pottier, Edmond: Les Salons de 1892, 2, La sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0031
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21

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la statuaire ornementale? Il y a là des anomalies dont les raisons
m’échappent. Toujours est-il que, sur ce point comme sur le précé-
dent, non seulement nous restons inférieurs aux Assyriens, aux
Égyptiens, aux Grecs et aux Romains, mais encore nous laissons se
perdre les traditions de l’art français, jadis si puissant dans l’art
complexe et expressif du relief. En effet, c’est l’élément sculptural
qui se rapproche le plus de la peinture, le seul qui puisse mettre en
mouvement des foules, qui ait recours à la perspective aérienne, au
paysage, le seul qui réunisse dans un même cadre des personnages,
des animaux, des bois et des montagnes, tous les règnes de la nature.
Les portes deGhiberti sont une vraie Bible en miniature; la colonne
Trajane est une épopée guerrière; les bas-reliefs alexandrins sont
des pastorales gracieuses comme les idylles de Théocrite.

Qu’est-ce que le relief moderne? En quoi caractérise-t-il notre
époque? On aurait quelque peine à le dire, d’abord parce que les
sculptures de ce genre sont rares dans nos Expositions, ensuite
parce qu’elles vivent de réminiscences empruntées à toutes sortes
d’écoles antérieures. La Biblis de M. Roche et l’Énigme de M. Convers,
avec des qualités solides de facture, se contentent de traduire plasti-
quement des sujets antiques et des formes souvent vues en peinture.
La Musique sacrée de M. Desvergnes rappelle plusieurs œuvres de la
Renaissance. Le nom de M. Frémiet est trop justement célèbre pour
qu’on se permette de juger sommairement son bas-relief; mais
l’auteur du Gorille et du Chasseur d’oursons sait bien que, sans le
Colleone du Vèrrocchio, son Connétable Olivier de Clisson n’existerait
probablement pas sous la forme actuelle. Il reste donc à peine cinq
ou six morceaux dans lesquels, même à travers des défaillances et
des incertitudes d’exécution, on sent le désir sincère d’inventer.
C’est d’abord le haut-relief que M. Meunier intitule La Glèbe et la
puissante étude qui personnifie VIndustrie; c’est surtout la compo-
sition plus précise et plus complète, où M. Charlier nous montre
un petit groupe de marins halant sur un bateau A la sortie du port;
l'effet de ce petit paysage maritime est pittoresque et habilement
rendu. La Gomorrhe de M. Charpentier n’est certes pas banale
et elle produit un effet macabre que l’auteur n’a pas redouté; mais
ces deux corps aplatis comme des fossiles entre deux couches de
terre évoquent je ne sais quels souvenirs bizarres de pièces ana-
tomiques et paléontologiques. Linné a inspiré à M. Eriksson la très
bonne idée de le placer dans un paysage; mais que ce site est
banal et froid, comme la femme nue, juchée en haut de l’arbre,
 
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