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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, 1, Les origines, la tradition, la technique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0142
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LE PORTRAIT-MINIATURE EN FRANCE.

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parachevée qu’elle soit, n’en est qu’une faible copie, mais copie terre
à terre et serrée.

En étendant un peu ces considérations, il nous paraît tout aussi
indéniable que la miniature de Windsor est l’œuvre de François
Clouet, arrangée, remise à la mode, mais transcrite d’après le por-
trait dessiné de la Bibliothèque nationale. Une simple juxtaposition
des deux effigies suffira à la preuve.

Aussi bien ces petits portraits n’étaient pas toujours destinés à
des médaillons. La reine Catherine avait un livre d'heures, aujour-
d’hui au Louvre, qui renferme les personnages de toute sa famille,
la plupart inspirés de crayons de la Bibliothèque, et dont la reliure
émaillée rappelle les besognes ordinaires de François Dujardin. Ce
manuscrit a souffert d’interpolations, mais la main de Clouet se
devine pour toute la partie ménagée sur les feuillets mêmes, et qui
ne montre guère que des personnages ayant vécu avant 1572. Il y
eut même cette particularité que la figure d’Henri II, arrachée au
livre, passa au xvne siècle entre les mains de Roger de Gaignières
et fut remplacée par celle du vicomte de Martigues 1.

Comme art, les miniatures de François Clouet rappellent absolu-
ment celles de Jean Clouet, son père, insérées dans les Commentaires
de la guerregallique. La facture en est précieuse, quelque peu pénible,
agréable cependant. Les Clouet ignoraient les tablettes d’ivoire, ils
se servaient de parchemin laminé très fin, poncé au droit, lavé de
fiel de carpe pour éviter le graissage. Leur esquisse s’obtenait par
des calques pointillés en poncif, sur lequel ils étendaient de la pous-
sière decharbon. Puis ils gouachaient leurs couleurs, et travaillaient
en empâtements comme dans la peinture à l’huile. Jamais de trans-
parences d’aquarelle; le fond était entièrement recouvert par cou-
ches superposées. Les petits portraits des preux de Marignan ne
laissent rien voir du vélin; les visages sont traités en picotis, ou
mieux en stries orientées suivant les ondulations des chairs, sans
jamais faire compte des dessous naturels offerts par les teintes
jaunâtres. Au contraire d’eux, nos praticiens modernes profitent
habilement des tons de l’ivoire ; leur maîtrise consiste justement à ne
rien cacher de cet auxiliaire merveilleux, pareil aux carnations et
qui laisse une extrême ténuité et une légèreté jolie dans les figures.

I. Ce précieux livre d’heures provient delà duchesse de Berry, mère du comte
de Chambord. Il nous a servi à identifier plusieurs de nos crayons de la Biblio-
thèque, enlre autres celui si curieux du roi Henri IV, à l’époque de son mariage
avec Marguerite de Valois.
 
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