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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 6
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Guiffrey, Jules: Le sculpteur Claude Michel dit Clodion (1738 - 1814)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0533
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490

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Pour les anciens pensionnaires de Rome, c’était presque une
obligation de se présenter sans retard aux suffrages de la Compagnie
qui leur avait décerné sa plus haute récompense. Clodion ne pouvait
se soustraire à ce devoir. Il soumit au jugement des académiciens,
en 1773, divers morceaux, la plupart classiques par le choix du sujet
et le style. C’était un Jupiter prêt à lancer sa foudre, que l’Académie
chargea le sculpteur de traduire en marbre pour son admission
au titre d’académicien; un Fleuve Scamandre desséché par les feux
de Vulcain; un Hercule qui se repose; puis quelques œuvres moins
sévères : trois vases, ornés de bas-reliefs, un satyre enfant en
marbre; trois bas-reliefs avec figures de femmes ou d’enfants, et
enfin, — qui aurait attendu pareille chose de lui ? — un groupe pour
un tombeau. Jamais l’artiste n’eut d’exposition plus complète. Nous
le verrons se désintéresser bien vite des Salons et renoncer même à
poursuivre plus loin sa carrière académique. Son morceau de récep-
tion, relégué dans un coin de son atelier, ne fut jamais terminé;
aussi, vingt ans après, en 1793, quand l’Académie de peinture et de
sculpture fut supprimée, Clodion n’était-il encore que simple agréé.

Ses débuts avaient été trop rapides et trop brillants pour qu’on
ait le droit d’imputer cette étrange indifférence à d’autres motifs
qu’aux multiples travaux dont il était accablé. Le temps lui manqua
sans doute pour exécuter en marbre ce Jupiter qui, à en juger par
les croquis que nous connaissons, n’aurait pas enrichi beaucoup la
collection si curieuse des morceaux de réception conservée au Louvre.

Est-ce négligence, est-ce une autre raison, Clodion ne parut
qu’aux Salons de 1773, de 1779 et de 1783. Encore ne pouvait-il
s’abstenir de présenter au public le modèle d’une statue commandée
pour le Roi. Le marbre devait être terminé en 1781 ; toujours
absorbé par cent travaux divers, Clodion ne put terminer son marbre
en temps voulu, et il eut beau invoquer les excuses les plus spécieuses,
M. d’Angiviller, qui avait la coquetterie de ses expositions et n’enten-
dait point raillerie sur ce chapitre, témoigna son mécontentement
de ce retard en termes très vifs. Cette lettre, reproduite dans le
livre de M. Thirion, contraste singulièrement avec le ton de parfaite
courtoisie qui constitue un des caractères les plus saillants de la
correspondance du Directeur des Bâtiments avec les peintres et
les sculpteurs.

La période de grande activité de Clodion s’étend de l’époque de
son retour à Paris jusqu’en 1793. C’est pendant cet espace de
vingt-deux années que l’artiste, alors dans toute la force de l’âge
 
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