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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 1
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Müntz, Eugène: La propagande de la Renaissance en Orient durant le XVe siècle, 2, La Russie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0031
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

emmenait avec lui son fils Andrea et un jeune homme nommé Pietro.

De 1475 à 1479, comme il vient d’être dit, Fioravante éleva la
cathédrale de l’Assomption (Ouspienski-Sobor), dans laquelle ce cham-
pion de la Renaissance' s’assujettit, avec une rare souplesse, aux
formes de l’architecture byzantine. A mon avis, aucun exemple n’est
plus digne d’être médité par les historiens de l’art : il leur apprendra
que, parce que tel ou tel monument est construit dans le style natio-
nal, ce monument n’a pas forcément pour auteur un artiste indigène.
Que de cas où les étrangers se sont vus forcés d’adopter, comme
Fioravante, le style de leurs hôtes!

La cathédrale de l’Assomption, qui sert aujourd’hui encore au
couronnement des tsars, occupe à peu près le centre du Kremlin.
Elle s’annonce au dehors par une grande coupole haute de 42 mètres,
flanquée de quatre petites. L’édifice a 50 archines de long sur 35 de
large et 55 de haut, du sol au sommet de la plus haute coupole. Les
murs sont reliés par des crampons de fer. Les voûtes, primitivement
de la largeur d’une brique, ont été reconstruites en ogives, en 1626,
en même temps qu’on élevait des contreforts aux quatre angles exté-
rieurs.

Malgré des mutilations et des restaurations sans nombre (en 1493,
à la suite d’un incendie, en 1612, 1682, 1737, 1882, etc.), la cathé-
drale de l’Assomption fut toujours rétablie dans son état primitif.
Aussi pouvons-nous la considérer comme un spécimen authentique
de l’architecture byzantino-italienne, telle que l’entendait Fiora-
vante.

A l’intérieur, d’après l’analyse de Schnaase, l’impression est tout
à fait celle d’une église byzantine. A l’extérieur, on reconnaît les
influences occidentales. Le rez-de-chaussée montre de fausses arcades
dont les colonnettes reposent sur des consoles et sont munies, comme
dans le style roman, de tailloirs et de bagues sur les colonnes. La
Renaissance italienne se manifeste dans la composition des piliers,
des pilastres ainsi que de l’abside, et dans un sentiment plus juste des
hauteurs1. J’ajouterai que les grandes arcades de l’extérieur avec
leurs tympans rappellent les modèles vénitiens.

Écoutons à son tour Théophile Gautier, toujours si précis en ses
observations : « La cathédrale actuelle date seulement du xve siècle,
malgré ses airs byzantins et son aspect archaïque. On est surpris
d’apprendre qu’elle est l’œuvre de Fioravanti, architecte bolonais,

1. Geschichte der bildenden Künste, t. III, p. 353-355.
 
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