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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Renan, Ary: Tlemcen, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0213
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TLEMCEN.

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cursive ne serait-elle pas reprise à nouveau, relevée, rendue monu-
mentale?

Pour résumer de plus haut les précédentes études, on peut dire
que les arts musulmans, en gagnant du terrain en Afrique, ont
beaucoup perdu de leur ampleur et de leur noblesse : ils ont acquis,
en revanche, cette grâce qu’ont les floraisons hâtives. La Perse,
l’Inde, l’Egypte, ou pour mieux dire le Caire, si bien nommé « Babi-
loine » par notre sire de Joinville, sont les patries des grands
monuments musulmans. La même architecture, les mêmes procédés
techniques transportés à Kairouan, àTlemcen, au Maroc, en Espagne,
ont subi un déchet considérable. En allant de l’est à l’ouest, l’art
s’est rapetissé, tassé. Il est devenu trapu ; il est surtout devenu
économique et parfois presque rustique. On peut considérer l’Al-
hambra comme l’équivalent d’une de ces villégiatures luxueuses et
raffinées qu’on appela une folie au siècle dernier, un caprice artis-
tique que l’on a fait sortir de terre. On peut aussi considérer
Mansourah de Tlemcen comme un rêve princier réalisé par une
baguette magique. Ni en Espagne, ni en Tripolitaine, ni en Tunisie,
ni en Algérie, ni au Maroc on ne trouvera l’ample et solennelle
mosquée dont les voûtes sont hautes comme celles de nos cathé-
drales; bien plus, on ne trouvera qu’en Perse et dans l’Inde le
minaret dans sa pleine beauté et ses vertigineuses proportions. —
Mais, dans les nefs des mosquées maugrebines, il flotte encore
quelque souffle d’un art convaincu, d’un art tendre et savant,
ingénieux et naïf.

A. RENAN.

X. — 3' PÉRIODE.

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