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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 6
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Bouchot, Henri: Les Salons de 1893, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0487
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LES SALONS DE 1893.

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ou de Besnard : Montpellier s’en fût soulevé. Aussi s’est-il tenu fort
loin du nouveau jeu, et si les raffinés trouvent à marivauder, c’est
qu’ils déplacent le point de vue, et sont peu au courant des esthé-
tiques provinciales.

On regarde beaucoup la Pluie de roses de M. Alma-Tadéma ; même on
en divulgue le prix marchand, ce qui suggestionne et émoustille nos
snobismes. (J’entremêle les genres d’histoire entre eux pour ne point
fatiguer). Ici la raideur historique se corrige fort adroitement par des
élégances très subtiles et insidieuses. L’un et l'autre des deux publics se
vientprendreàl’hameçon ; celui-là pour l’amusement de roses écrasant
beaucoup de jolies personnes ; celui-ci à cause d’un ragoût voluptueux
dont les vrais peintres d’histoire se désintéressent souvent de trop.
Les Anglais, pour qui travaille M. Alma-Taméda, se périront d’aise;
sous ces intentions, ils retrouvent toute vivante la théorie des chairs
roses et des cheveux bien peignés dont ils goûtent infiniment la
sucrerie. Au demeurant, je m’amuse de la façon dont le peintre
comprend aujourd’hui les Romains; sa mode est aussi éloignée de
celle de David que nos robes de 1893 le sont de celles de la Révolu-
tion française. En cent ans, nous avons eu tant de manières
d’exprimer l’antiquité, sans parler de celle de M. Ingres 1 Reste à
décider qui de David, d’Ingres ou d’Alma-Tadéma dit la [vérité : ce
qui est certain, c’est qu’ils ne disent point la même chose...

M. Récipon, un jeune évident, donne dans la partie révolution-
naire; il en faut louer son civisme. Sous le bénéfice d’une épisode
fort quelconque, la poursuite de Louis XVI par Drouet et Guillaume,
sur la route de Yarennes, le peintre amis sur une toile immense des
chevaux grandeur nature et un paysage non sans valeur. Néanmoins
et en dépit du reste, on sent les chevaux la partie principale ; ceux-ci
ont dans la composition l’intérêt capital des héros. Ils sont d’une
nouvelle et récente façon de comprendre le galop furieux ; car, même
pour cette chose très ordinaire qu’est le galop d’un cheval, nos
théories ont varié. Nous ne voyons plus comme Carie Vernet ni
comme Géricault, c’est dire que probablement les bêtes ont changé leur
allure, ou que ces maîtres se sont un peu trompés. Or, à en croire
M. Muybridge, un photographe américain, ce serait plutôt cette
dernière proposition la vraie. Seulement M. Muybridge ne démontre
point ces vérités pour le seul plaisir, il vend ses instantanés, et ces
folies capricantes, cabriolantes, ont hanté bien des cervelles. Donc,
les chevaux de M. Récipon foulent la terre d’une furie vraie, sans
doute, mais presque invraisemblable; il va nous falloir quelques
 
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