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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr.1
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Meissner, Franz Hermann: Arnold Boecklin, [2]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0026
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20

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

anciens, une lumière, une profondeur et un relief qu’on ne trouve
point chez les peintres d’aujourd’hui. Et cette technique, et l’appa-
rence extérieure qu’elle donne à ses œuvres, achèvent encore de
nous le faire voir tel que nous l’a montré l’étude de sa vie, occupé
à concilier dans une intime union le romantisme allemand et la
beauté antique. Une union de ce genre n’était possible que sur
le seul terrain où l’antiquité et le romantisme pouvaient se ren-
contrer, sur le terrain des mythes naturalistes. C’est aussi à ces
vieux mythes que Bcecklin s’est toujours adressé de préférence pour
satisfaire à la fois son goût germanique de légendes fantastiques et
son goût de panthéisme classique. Ses types d’hommes, de demi-
dieux, d’animaux, sont conçus la plupart en dehors de toute tradi-
tion : ce sont les produits parfaits d’un inonde idéal, construit par
l’artiste avec les éléments les plus bizarres, les plus fantastiques, les
plus poétiques du monde réel. Et une telle beauté les anime, une
beauté si directement issue de la pure inspiration hellénique, que
les sujets de genre les plus légers atteignent tout de suite aux
proportions d’œuvres monumentales et hautement classiques.

Qu’il s’agisse d’exprimer la joie la plus abandonnée ou la plus
profonde mélancolie, Bœcklin met à tout ce qu’il fait le même art
et le même génie. Sa fécondité est si grande que nous ne pou-
vons même nommer ici ses œuvres principales, sans compter les
compositions de moindre importance, qui sont innombrables.
Je me bornerai donc à citer brièvement les pièces tout à fait capi-
tales.

C’est d’abord, dans le style pittoresque, la Villa au bord de la
mer, tout imprégnée encore d’une conception historique de l’anti-
quité. La mer pousse ses puissantes vagues contre le rivage, d’où
s’élance un rocher couronné d’une villa romaine. Au bord du
rocher, des cyprès ployés par le vent. Autour de la villa, un grand
jardin. Tout cela se reflète dans l’eau sous la douce et triste lumière
du soleil couchant. Et, en harmonie avec l’expression de mélancolie
du paysage, une figure de femme vêtue de noir s’appuie contre le
rocher, contemplant la vaste solitude de la mer.

Voici maintenant Vile de la Mort, le plus important des paysages
expressifs de Bœcklin. La moitié d’un petit cratère volcanique se
dresse à quelques centaines de pieds au-dessus du niveau de la mer,
tandis que l’autre moitié s’est affaissée sous les vagues. La partie
restée debout, avec son gigantesque profil, renferme une cour bordée
de hauts et noirs cyprès que clôt, du côté de la mer, un mur bas
 
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