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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 3
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Bouchot, Henri: Exposition des portraits des écrivains et journalistes du siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0213
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PORTRAITS D’ÉCRIVAINS ET DE JOURNALISTES. 203

Encore des têtes d’hommes amassées en hâte, recueillies un peu
partout, difficilement obtenues lorsqu’elles sont de premier ordre et
classées, imposées au contraire lorsqu’elles n’ont ni la note de
curiosité et d’intérêt, ni la qualité supérieure d’œuvre impeccable.
C’est tout le point faible de ces histoires. L’idéal eût été de grouper
surtout des écrivains du siècle, en cherchant les portraits venus de
bon lieu, et point les « ordinairetés » modèle et peintre l’un portant
l'autre. On dira que les médiocres font repoussoir aux meilleurs ; on
ne le voit que trop. Cinquante toiles triées sur le volet, où l’on n’eût
admis que le chef-d’œuvre, eussent intéressé plus que le tas vraiment
un peu enfantin de portraitures baroques, sensationnelles, peu vraies
dont le catalogue dépasse mille articles. Même on ne craint pas de le
dire, au risque de provoquer des railleries et de se faire taxer
d’archéologue, la partie rétrospective amuserait extrêmement, si on
l’eût mieux soignée. Ce sont les effigies anciennes qui ont dans
l’instant le plus gros public. Les modernes ont été vues et revues
cent fois, elles donnent l’impression de ces figurants de théâtre trop
peu nombreux et qui repassent sur la scène pour faire illusion. Quant
aux œuvres toutes modernes, bâties d’impressions et de morbidesse,
on les voit traduire le plus souvent des figures embryonnaires, non
classées encore, et qu’on s’étonne un peu de voir en si bonne place,
quand tant d'autres et des meilleures ne s’y rencontrent pas.

D’autres critiques ont été formulées. On s’accorde à trouver
extrême le déploiement des médaillons de David d’Angers que l’on
connaît de trop et dont les moulages et les photographies couvrent le
monde. Et d’ailleurs installés comme ils sont, en plate-bande, on les
regarde à peine. 11 s’ensuit qu’un écrivain-journaliste de la taille de
Jules Janin tient dans l’exposition la place un peu restreinte d’une
soucoupe, quand de moindres seigneurs occupent deux mètres carrés
de la cimaise et s’imposent. Je ne parle même pas de Bertin l’aîné,
représenté seulement par un petit portrait de Fabre en 1804, alors
qu’il existe en certain endroit un morceau capital d’Ingres. Tant
pour la valeur de l’homme que pour celle de l’œuvre, le portrait de
Bertin par Ingres devait être là.

Ces réserves une fois faites, il convient de ne point s’éterniser en
remarques faciles et jusqu’à un certain point oiseuses puisque
l’exposition jouit d’un plein succès près des artistes et des gens du
monde. Les organisateurs ont eu de sérieuses difficultés à vaincre,
car dans l’espèce il est rare d’atteindre le but idéal qu’on s’était pro-
posé. Depuis les « Portraits du Siècle », les collectionneurs ont souffert
 
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