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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Hermant, Jacques-René: L' art a l'exposition de Chicago, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0438
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422

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mage qu’une nation si vivante, si entreprenante et si puissamment
originale ne confirmât pas la loi commune.

Cette étude d’un art expliqué par l’état physique et moral du
peuple chez lequel il se développe donne naissance à une infinité
d’observations de détail qu'il serait peut-être intéressant de noter
mais qui nous entraîneraient trop loin. Nous en avons assez dit pour
montrer qu’un mouvement architectural existe aux Etats-Unis (ce
que l'on avait paru nier jusqu’ici) et que ses bizarreries même trou-
vent leur raison dans des besoins spéciaux et peuvent s’expliquer
logiquement. On ne saurait en dire autant des œuvres que contient
l’Exposition de Chicago.

Elles ne correspondent à aucune nécessité précise de la vie et ne
sont que les résultats d’une situation tout accidentelle créée par
quelques habiles en vue d’attirer le public et de faire une gigantesque
réclame à la ville qui se croit déjà la Reine du Monde.

Il serait puéril de s’imaginer que la moindre idée de désintéres-
sement, de sacrifices à faire pour encourager l’art et l’industrie, de
services à rendre aux travailleurs, ait jamais germé dans le cerveau
de ceux qui ont conçu et dirigé la plus vaste exposition qui ait été faite.
On n’a songé qu’à une chose : surpasser la France; l’écraser d’une
façon telle qu’elle ne s’en relevât pas de longtemps; montrer à l’Amé-
rique du Sud, à laquelle sa grande sœur du Nord fait depuis longtemps
les yeux doux, qu’il n’y a plus dans le monde entier qu’un seul
grand pays : les «Etats-Unis», et dans ce pays qu’une seule ville :
« Chicago ».

« The best in the world! » La première du monde! C’est le mot
classique en usage dans la réclame américaine. Il s’étale sur tous les
murs, sur toutes les maisons, jusque sur les rochers et les troncs
d’arbres dans les paysages les plus pittoresques; il s’applique à tout:
aussi bien à la « World’s Fair » qu’aux jambons Coleman, à Chicago
qu’à l’« Extract of Beef » de Liebig ou d’Armour.

Un jour Oncle Sam ennuyé de vivre tout seul dans son immense
domaine, sans jamais recevoir de la vieille Europe d’autre visite que
celle des émigrants qui viennent en foule chaque année lui prendre
une part de son bien, a voulu attirer à lui d’autres personnes
capables de lui en rapporter davantage.

Il a pensé que le meilleur moyen était d’organiser une « Foire »
 
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