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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0444
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428

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

collectionneurs riches et d’amis des arts avait apporté ses trésors. Ces
merveilles, ignorées encore, furent une révélation, ce fut un épanouis-
sement de chefs-d’œuvre. Ce musée improvisé, qui ne vécut que
deux mois, contenait plus de 7,600 numéros; l’Empereur avait prêté
les armures qu’il collectionnait pour son château de Pierrefonds, la
famille Czartorisky avaitdépouillé l’hôtel Lambert, et les Rothschild,
à l’envi, avaient donné les objets précieux qu’ils possédaient déjà.
L’exemple, venant de haut, avait été suivi par tous les collectionneurs
véritables qui, en ce temps-là, achetaient par goût et non par spécu-
lation, et qui, loin d’obéir à la mode et à quelque passion de
maniaque, faisaient une sélection intelligente des œuvres du passé.

Donc, rapidement et dès le début, l’Union centrale avait affirmé
sa méthode. — Elle voulait instruire les arts du présent, en tirant de
l’oubli les arts d’autrefois. — Elle renouait la tradition, elle mettait
le musée à côté de l’atelier, elle donnait à l’ouvrier et à l’industriel
des leçons de goût, elle prenait pour devise : « Le beau dans l’utile »,
elle s’installait enfin, au lendemain du Salon annuel, dans les galeries
et les jardins, où les peintres et les sculpteurs avaient exposé leurs
œuvres; elle venait après eux démontrer qu’il y a, en art, des
manifestations non moins séduisantes, qui répondent aux besoins
des sociétés nouvelles, comme elles ont satisfait aux mœurs de tous
les temps et de tous les peuples.

Ce fut un événement dont la foule ne jugea pas tout d’abord l’im-
portance, mais dont une élite sut tirer parti. Les uns se firent spécu-
lateurs et échafaudèrent leur fortune sur la hausse des bibelots;
d’autres, dédaigneux des spéculations, se donnèrent avec ardeur à la
recherche des documents utiles; les écoles se créèrent près des
ateliers, on parla bibelot dans les salons; la critique d’art se pas-
sionna pour cette étude comparée des arts utiles et des procédés
oubliés de travail; on se plut à remonter le courant des siècles, on
fouilla Lhistoire, on parcourut le monde, on découvrit en Orient des
régions ignorées de l’art. Une ère de curiosité s’ouvrit, comparable
à celle qui, au xve siècle, fît apparaître l’antiquité rajeunie au
moyen âge expirant. Chacun voulut savoir, chacun voulut apprendre,
ce fut comme une éducation du goût où, du plus riche au plus
humble, tous eurent un lambeau de cette splendeur révélée, quel-
ques rayons de cette lumière qui entrait dans toutes les demeures.
L’universelle science du beau se répandit, la soif d’apprendre vint
à tous, on visita mieux les musées, on vint en foule aux expositions,
le mobilier et la parure se modifièrent et ce fut comme une renais-
 
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