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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0445
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LA RENAISSANCE DES ÉMAUX PEINTS.

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sance, un renouveau, un réveil d’instinct qui d’un groupe s’étendit
au public, et de la France au monde entier.

Tout cela s’est fait en trente ans, mais avait été préparé dès
longtemps par des savants et par des maîtres; cette évolution de nos
mœurs et de notre esprit constituera l’histoire artistique de notre
siècle. Mais elle n’est pas terminée, elle n’a pas vaincu toutes les
résistances qui sont faites d’intérêts, de rancunes, d’habitudes et
d’ignorances. Et, hélas! les pires obstacles ont été opposés par ceux-là
qui auraient dû être les chefs du mouvement. Ce sont des artistes, ce
sont des académiciens, ce sont ceux-là qui avaient mission de propager
et d'instruire qui ont nié, qui ont résisté. — De même, dans la marche
de toute vérité, ce sont les prêtres qui retardent les grandes décou-
vertes de l’esprit humain. — Tout évangile nouveau renverse un autel.

Il ne nous appartient pas, à propos de l’étude restreinte que nous
avons entreprise, d’aborder des considérations d’un ordre si vaste;
ce n’est ici qu’un bien petit chapitre de l’histoire moderne de l’art,
qu’on écrit au jour le jour. Mais, comme il arrive de tout ce qui
passionne les esprits, des formes diverses se manifestent, des tliéo-,
ries opposées se déclarent, les uns tenant pour l’imitation des
anciens, les autres pour l’indépendance et la liberté, et les querelles
auxquelles nous avons assisté en littérature se renouvellent à propos
des arts et des métiers. On dispute sur les qualificatifs. Ce qu’on
avait nommé les arts industriels est devenu arts décoratifs. D’aucuns
les appellent les arts mineurs, et cette classification occupe certains
artistes plus que la nécessité de produire. Cependant le flot s’avance,
on lui barre l’accès d’un port, il pénètre dans un autre : une Société
refuse à ces arts mineurs de leurouvrir ses portes; alors, de cette com-
pagnie à courte vue, une fraction se détache qui accueille la forme
nouvelle. On lui fait place, elle grandit, elle rayonne, l’art crève les
cloisons séparatrices, s’étend à tout ce qui est beau et utile; il s’atta-
che à tout ce qui plaît aux yeux et se laisse admirer sans étiquette.

Et cependant, si l’orfèvre et le verrier, le brodeur et l’ébéniste
avaient été bannis des musées modernes, les peintres émailleurs
n’avaient jamais eu à subir cet ostracisme, on les avait de tout
temps admis au Salon annuel des Beaux-Arts, comme les peintres
verriers. On avait même décerné des médailles aux émailleurs, et
Sturm en 1842, Mme Apoil en 1846, Devers, l’ami et le maître en
céramique de Cl. Popelin, en 1849 et en 1855, Paul Balze enfin, en
1863, avaient eu part aux récompenses, au même titre que les sculp-
teurs et les peintres.
 
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