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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 6
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Leprieur, Paul: La légende de Persée par M. Burne-Jones
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0489
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LA LÉGENDE DE PEUSÉE.

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nantes, aveuglées, tenant délicatement du bout des doigts, ainsi
qu’une perle fine, l’œil unique qu’il vient de leur prendre par
surprise. Elles sont douces et graves, tristes et belles, sans nulle
trace de rides. La vieillesse semble ne pas les avoir atteintes,
par une sorte de démenti à leur nom. En cela, M. Burne-Jones
a dû obéir aux mêmes scrupules qn’Hésiode ou qu’Eschyle. Mais
l’austérité solennelle de l’ensemble, l’âpre sauvagerie du paysage de
glace et de neige qui encadre les figures, suffisent pour donner à
la scène un air de fantastique vision. On en retrouvera dans la
gravure le rythme et la grâce savamment mesurés, le dessin arrêté
et ferme, l’impression générale de grandeur, sinon peut-être tout
l’effet qu’y ajoutaient encore dans la peinture les bleus glacés,
les gris froids, les teintes plombées et lugubres.

C’est un des motifs de la légende qui semble avoir exercé, d’ail-
leurs, sur l’imagination de M. Burne-Jones la plus grande séduc-
tion, celui pour lequel il a visiblement de secrètes préférences, sans
doute parce qu’il y a mis le plus de lui-même, et que, n’en ayant
trouvé nulle part, que je sache, le prototype figuré, il en peut être
dit proprement l’inventeur. Il l’a plusieurs fois traité et repris, sans
en modifier l’ordonnance : car les figures se groupent et s’agencent
toujours comme en un bas-relief; la tonalité seule a changé, ou
les détails de l’exécution. Dans un exquis petit tableau de la collec-
tion Benson, qu’on a pu voir à l’exposition du maître cette année,
tout est conçu en une harmonie d’argent : les lignes se resserrent, se
durcissent et s’affinent, par une sorte de ressouvenir non dissimulé
de Mantegna; la scène gagne en intensité nerveuse. C’est, du reste,
pour un effet métallique et à demi sculptural de ce genre que l'œuvre
fut pour la première fois imaginée par M. Burne-Jones : on en com-
prend mieux ainsi les partis pris et les conventions décoratives.
Dans la demeure de M. Balfour, certaines parties obscures de la
pièce, certains dessus de portes devaient contenir des scènes de la
légende, où les figures se détacheraient en plaques de métal mince
argenté ou doré sur fond de bois, comme pour éclairer la chambre en
l’ornant. Le tableau des Graies seul a été exécuté de cette façon ori-
ginale, ainsi qu’on peut le voir et l’admirer chez M. Balfour. Le
fond est de bois naturel clair, et les personnages en très bas relief,
composé d’une sorte de pâte recouverte d’enduit métallique, de cuivre
ou d’or pour les femmes, d’argent pour le héros, les visages restant
peints sur surface plate en tons ambrés de chairs. L’impression,
que laisse ce mélange adroit de peinture et de sculpture, est tout à
 
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