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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 6
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Leprieur, Paul: La légende de Persée par M. Burne-Jones
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0490
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GAZETTE DES BEAUX-A RTS.

fait heureuse et charmante, d’un imprévu rare, d’une richesse pleine
de goût. Une Naissance de Pégase et de Ghrgsaor, sortant, comme
le veut la légende, du cou tranché de la Gorgone, et un Persée pétri-
fiant Allas doivent avoir été également projetés dans ce but, si l’on
en juge au moins par les esquisses ou grands cartons de l’atelier.
Quel dommage que cette entreprise, d’ailleurs longue et coûteuse,
paraisse abandonnée pour toujours!

Après avoir triomphé des Graies, Persée va trouver les Nymphes
de la mer, dont il a su par elles la mystérieuse retraite, et qui
détiennent les objets dont il a besoin, pour continuer sa route vers le
pays des Gorgones. Ici se place le troisième tableau, Persée et le >
Nymphes [Persem and the Sea Maidens) ou Y Armement de Persée. C’est
une des plus belles compositions de la série, créée également de toutes
pièces. Rien ne vaut le charme élégant et pudique, la grâce élancée
et fine, des trois jeunes femmes blondes qui se dressent en face
de Persée, debout dans leurs robes à longs plis, les pieds nus reflétés
dans l’eau. C’est l’incarnation la plus délicieuse de créatures de rêve.
Elles lui apportent les talonnières ailées, qui lui permettront d’arriver
à d’improviste près de Méduse en glissant dans les airs, comme plus
tard près du monstre marin; la xuvsh], ou casque d’Hadès qui rend
invisible, et la xijbcriç, sorte de petit sac, en forme de panetière, oû il
enfermera soigneusement, après l’avoir coupée, la tète terrifiante
dont le dangereux pouvoir survit même à la mort. Ainsi équipé, il
pourra partir, et déjà se prépare à attacher ses talonnières.

Les deux scènes suivantes nous montrent Lhistoire arrivée à son
point décisif : M. Burne-Jones y a représenté la Découverte, puis la
Mort de Méduse. Les Gorgones « inaccessibles » (à'rrXrjxci), comme les
appelle Hésiode, sont trois sœurs, Sthéno, Euryalè et Méduse. La der-
nière seule est mortelle, les autres n’étant soumises ni à la vieillesse
ni à la mort. Il faut lire, dans la traduction naïve et colorée du vieux
poète Passerat, la description que fait d’elles Apollodore : « Elles
avoient le chef hérissé et entortillé d’escaille de serpents et estoient
leurs dents aussi longues que celles des Sangliers. Elles avoient des
mains d’aerain,et des aelles dorées pour voler oû bon leur sembloit. »
Ce sont bien des êtres d’horreur et comme des croquemitaines de
l’Antiquité. Le souvenir de cette tradition s’est conservé dans la
métope de Sélinont.e ou dans les antéfixes en terre cuite de l’Acropole
d’Athènes, qui figurent la Gorgone ainsi qu’un monstre à grosse tète,
à dents pointues et féroces, bouche ouverte et tirant la langue. Puis
le type s’est fortement adouci, transformé par le progrès des âges et
 
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