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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 1
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Marye, Georges: L' exposition d'art musulman, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0060
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L’EXPOSITION D’ART MUSULMAN.

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été que clans ses procédés de technique, pour remonter à Samar-
kande, nous nous trouvons près d’une inspiration chinoise qui
va nous donner une ornementation plus capricieuse, moins régu-
lière, sans combinaisons géométriques apparentes (tel le pendentif
évidé en faïence bleue, de M. le vicomte de Vogüé) et plus large-
ment décorative (fragments dans les collections de MM. Vever et
Paul Nadar). Nous sommes en face d’un principe destiné à l’embel-
lissement des pichstak (portique des mosquées, des médersahs), c’est-
à-dire à surfaces, autre, par conséquent, que celui que nous avons vu
chez les Maures d’Espagne et dont nous pouvons faire ressortir la
différence en mettant, en face du pendentif si profondément fouillé
appartenant à M. le vicomte de Vogué, les grands vases de M. Sta-
nislas Baron et sa margelle de puits aux arabesques découpés sur
fond légèrement champlevé. Ces pièces remarquables, uniques, ver-
nissées en vert, sont de la fabrique de Palma de Majorque (xive siècle).

Ainsi, aux deux extrémités du monde musulman, même principe,
même technique, mais application différente.

Un genre de céramique qui n’a pas encore été employé chez nous,
qui est peu connu et qui est encore en usage au Maroc, la mosaïque
de faïence, se retrouve dans le Turkestan, en Perse, en Egypte, en
Espagne, où il a donné de merveilleux effets; il n’est aussi représenté
que par quelques fragments, dont l’un vient du tombeau de Timour-
Leng (collections Vever et Paul Nadar), deux plaques appartenant
à Mme Olivier de Lalande et un spécimen, le plus rare que nous
connaissions : une inscription composée de vingt-quatre carreaux
en beaux caractères mahgrébins, émaillés en noir et enchâssés dans
des carreaux dont l’émail sous engobe a été délicatement champlevé1.
C’est un procédé qui donne la preuve du degré de perfection que les
artistes mahgrébins avaient atteint dès le xvie siècle. Cette inscription,
qui appartient à M. Hélouis, était placée sur la porte d’entrée de la
Médersalide Fez fondée par le sultan mérinide Abou-Iman-Farès-ben-
Aboul-Hassan-Ali-ben-Abou-Saïd. Il ne faudrait pas non plus, oublier
les deux plaques de mosaïque de la collection de Mme de Lalande :
des rinceaux un peu rudimentaires à tige d’enroulement dorée par
application, sans cuisson. C’est d’un art précieux (xvne siècle) qui
se rapproche de la mosaïque classique, mais qui ne peut avoir d’uti-
lité vraiment décorative que sur des surfaces restreintes.

Il est regrettable qu’on n’ait pu se procurer des fragments de

1. Voir la reproduction en têle du précédent article.
 
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