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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 6
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Thorel, Jean: L' exposition de Marie-Antoinette et son temps
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0502
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EXPOSITION DE MARIE-ANTOINETTE ET SON TEMPS. 483

de Trianon, pour tâcher de mieux nous remettre tout d’un coup par
la pensée dans l’époque et dans le milieu où vécut Marie-Antoinette,
on a pris soin que tout ce qui était destiné à meubler la galerie
Sedelmeyer pour l’exposition, fût tout justement de l’époque meme,
du plus pur Louis XY ou Louis XYI. On a d’ailleurs fort judicieuse-
ment évité de nous indiquer comme ayant servi personnellement à la
reine, ou au roi, ou à la famille royale, les très belles pièces d’ameu-
blement qu’on a rassemblées là. Sans doute faudra-t-il encore laisser
s’écouler plusieurs siècles pour pouvoir commencer à affirmer avec
quelque vraisemblance, en présence d’un meuble Louis XYI, que ce
meuble appartint autrefois au roi Louis XVI lui-même. Dans mille ans
seulement, le fait ne ferait plus doute pour personne ; aujourd’hui de
telles affirmations eussent réveillé trop vite et alarmé notre vieux fond
d’incrédulité. Mais si l’on ne nous dit pas que ce soient les meubles
mêmes ayant servi à la famille royale que nous avons devant les yeux,
rien ne nous empêche alors d’imaginer que peut-être tout de même
ils proviennent du Versailles de Louis XVI, et nous savons en tout
cas que ce qu’on pouvait voir à Yersailles il y a cent ans : c’était, au
milieu des richesses léguées par le passé, des meubles tout semblables
à ceux que nous voyons là : bureaux à cylindres avec frises, chutes,
bordures, volutes de feuilles d’acanthe, tiges en bronze ciselé et doré ;
commodes et vitrines de Riesener; consoles de Saulnier; flambeaux
à trépieds avec guirlandes; candélabres ovoïdes à pied de marbre;
tables de bronze doré et ciselé avec frises et guirlandes de roses, et
incrustations de marbre, ou tables avec marqueterie; brûle-parfums;
vases de Sèvres avec frises représentant dans la manière délicate
d’alors des sujets mythologiques, et avec ciselures qu’on peut attribuer
à Gouthière ou à Forestier; statuettes en biscuit de Sèvres; pendules
en bronze et porcelaine; montres avec miniatures de Hall, ou avec
émaux de Van Dali, de Cotteaux, etc., d’après Fragonard, Oudry et
autres peintres. On comprend que je ne puisse tout nommer ici,
puisque ce n’est pas un catalogue que j’ai à établir; on comprend
même que je n’aie pas cherché à « faire un sort » à chacun des objets
que je citais, chose qui eût été facile en encadrant seulement dans
une phrase chacun des numéros que j’ai ainsi tout simplement
énumérés les uns à la suite des autres. Mais écrire ainsi une série de
« phrases », cela m’aurait trop rappelé ces compositions « de style »
qu’on me faisait faire au collège et oû le devoir consistait à échafauder
un récit où devaient trouver place et se coordonner une série de mots
quelconques désignés au hasard. L’avantage, ici, c’est que rien n’a
 
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