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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 1
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Yriarte, Charles: Isabelle d'Este et les artistes de son temps, 1, Les origines, ses tendances, ses portraits
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0031
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ISABELLE D’ESTE ET LES AUTISTES DE SON TEMPS. 2:

naître des conditions qui se rapportent au tableau, on a la con-
science tout d’abord d’être en face d’une œuvre du maître. Préoccupé
de l’identité du personnage, si on rapproche la toile des deux pre-
miers monuments incontestés, le dessin de Léonard et la médaille
de Cristoforo Romano malgré le
caractère héroïque inhérent à l'art
de la médaille, et malgré la trans-
position particulière au génie de
Léonard, on conviendra que les
rapports concordent, et le doute
n’est plus permis quant à l’identité
du personnage.

Isabelle nous apparait ici dans
tout l’éclat de sa jeunesse; elle
porte une coiffure de dentelle mon-
tée sur baleine, en forme de nimbe,
ornée au centre d’un gros diamant
entouré de huit perles ; la robe
bleue est brodée d’argent et d’or ;
elle a revêtu une pelisse noire
doublée de fourrure qui laisse voir
la dentelle de la chemisette. Les
yeux sont brillants et comme éton-
nés: elle n’a point de majesté fac-
tice, elle vit, et cependant le type et les traits manquent d’indivi-
dualité ; les mains surtout sont impersonnelles, elles ne sentent
point la nature vue.

Ce portrait provient du cabinet de l’archiduc Léopold Guillaume;
on est certain qu’il était encore à Mantoue en 1604, puisque Rubens
a pu l’y copier; de Mantoue il est passé dans les mains de l’archiduc
(nous en avons la preuve, puisqu’il figure dans l’inventaire du cata-
logue de sa galerie, rédigé en 1659); enfin c’est par lui qu'il est
venu occuper sa place dans les collections impériales de Vienne.

Et cependant, si on étudie les circonstances de la vie du Titien,
il n’y a point d’apparence que l’artiste, né en 1477, par conséquent
plus jeune de trois années que la marquise de Mantoue, ait pu la
peindre à l’àge qu’elle représente, c’est-à-dire avant 1500. En effet,
ce n’est qu’en 1516 que le Titien aurait pu rencontrer Isabelle à
Ferrare chez son frère le duc Alphonse, dont il décore les Camerini,
et dont il peint les portraits qui figurent au Musée de Madrid et

ISABELLE D’£STE.

Réduction de la gravure de Lucas Vosterman.
Copie exécutée par Rubens.

(D’après Le Titien.)
 
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