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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 2
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Merson, Luc-Olivier: Charles le Brun à Vaux-le-Vicomte et à la Manufacture royale des meubles de la Couronne, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0107
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98

GAZETTE DES BEAUX-AltTS.

les beaux esprits, tous les artistes l’ornement, et qui donnèrent le
signal de la plus retentissante des disgrâces 1.

Aussi, en 1661, quand, accompagné de Colbert, Louis XIY vint à
Vaux-le-Vicomte pour la fête du 17 août, il n’y put faire un pas sans
rencontrer la main et le génie de Le Brun. Dès la grille de la cour
d’honneur, une imposante rangée de termes de grandeur colossale
arrête ses regards. S’il s’informe, il apprend que Le Brun a fourni la
composition de chacun à des sculpteurs sous ses ordres, Nicolas
Legendre, Thibaut Poissant, Michel Anguier. Même réponse si, aux
premières marches du perron, levant les yeux sur le fronton, il
daigne questionner le maître du lieu. On le conduit à l’appartement
à lui destiné, orné avec une magnificence inouïe d’objets précieux,
de splendides tentures, de tapisseries principalement, lesquelles
reproduisent de récentes compositions du peintre. L’appartement
royal s’ouvre sur la salle des gardes, à gauche, en face celui de la
surintendante à peine terminé, dont l’hôte de Fouquet aura le loisir,
pendant les repos de son séjour, d’examiner les innombrables détails,
de pénétrer les audacieuses allusions, d’admirer l’ensemble où se
combinent avec tant de somptuosité le principal et l’accessoire. Dans
les jardins, à perte de vue, adossés aux charmilles, au bord des par-
terres, sur les terrasses, à l’entrée ou au fond des boulingrins des
cabinets de verdure; sous les ombrages et parmi les fleurs, ornant
les bassins, les fontaines jaillissantes, c’est une profusion de pyra-
mides, de vases, de termes, de bustes, de statues, de groupes en
pierre, en marbre, en bronze, en stuc ou en plomb, qui proclament
l’unité absolue de leur origine, l'inépuisable artiste ayant tout
ordonné, tout inventé, et, sous sa surveillance, tout ayant été modelé,
sculpté, fondu, doré2. Pour la fête donnée à Sa Majesté, de qui les
décorations improvisées qu’on n’avait vues nulle part? Pour la mise
en scène des Fâcheux, très variée, compliquée de transformations, à
qui Molière eut-il recours, et Pellisson pour le prologue de la pièce?

1. Les constructions du château commencèrent en 1636. Dès que l’avancement
des travaux le permit, c’est-à-dire en 1658, Le Brun y vint occuper un petit logement
de deux pièces. A Maincy, il jouissait d’un autre logement, plus spacieux. Là, son
atelier privé était à côté de celui des tapissiers flamands et de ceux des décora-
teurs Yvart, Courant et Lefebvre, employés à ses ouvrages.

2. Les termes, cependant, n’étaient pas tous de l’invention de Le Brun; quatorze
de ceux qui ornaient le parc de Vaux avaient été modelés d'après des maquettes de
Poussin. Le Brun se borna à en surveiller l’exécution. Ils sont à Versailles à présent,
dans les quinconces du sud et du nord.
 
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